La mainmise de Trump sur le Parti républicain

par | Juin 21, 2025 | États-Unis, Français, International, Libertarianisme, Néolibéralisme

Si la domination de Donald Trump au sein du Parti républicain est sans précédent à bien des égards, elle n’a toutefois pas modifié la dynamique fondamentale du parti avant son arrivée au pouvoir. Depuis 2008, le parti est en effet caractérisé par des conflits internes croissants et un affaiblissement institutionnel. Loin de contrer ces tendances, la mainmise de Trump sur le parti les a toutes deux intensifiées.

Durant la majeure partie du XXe siècle, le Parti républicain a été le parti préféré de la classe capitaliste américaine. Si les démocrates n’ont jamais été totalement privés du soutien des entreprises américaines, conservant l’allégeance de divers secteurs, même dans leurs moments les plus difficiles, la plupart des chefs d’entreprise ont généralement soutenu le Parti républicain. Cet appui a été à la base des administrations républicaines, de William McKinley à Dwight D. Eisenhower en passant par George W. Bush. Bien que la maison Morgan et la maison Enron, pour prendre deux exemples particulièrement liés aux administrations qui ont marqué cette période, aient toutes deux disparu, la destruction créatrice de l’accumulation capitaliste n’a pas fondamentalement perturbé l’alliance entre les entreprises et le Parti républicain.

Compte tenu de la solidité de cette alliance au cours du siècle dernier, sa dissolution depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump est d’autant plus frappante. Lors de la campagne pour l’élection présidentielle de 2016, Trump a assuré aux électeurs : « Vous savez ce que j’ai de bien ? Je n’ai besoin de l’argent de personne. […] Je vais vous dire une chose : personne ne dépense des millions de dollars pour moi. Je mets mon propre argent » [1]. Les capitalistes américains étaient ravis de lui rendre service et ont largement fermé leur portefeuille à Trump, préférant faire des dons à Hillary Clinton. Quatre ans plus tôt pourtant, ils s’étaient joyeusement ralliés à Mitt Romney [2]. En 2020, le monde de la finance a une fois de plus snobé Trump, tandis que Joe Biden engrangeait des sommes colossales provenant de Wall Street [3]. Une enquête menée auprès d’une centaine de PDG a révélé que 77 d’entre eux comptaient voter pour Biden [4]. La troisième candidature de Trump, en 2024, a connu la même dynamique. Parmi les PDG des entreprises de Fortune 100, seul Elon Musk a fait un don à Trump [5]. En bref, on a assisté à un réalignement historique des entreprises, qui se sont détournées du Parti républicain, en particulier au sommet de l’échelle électorale [6].

L’aliénation du Parti républicain de la classe capitaliste américaine est une nouveauté qui a contribué à renforcer l’impression générale que Trump a radicalement modifié la trajectoire du parti. Ce récit est toutefois profondément trompeur. La fracture entre le capital et le Parti républicain n’a pas commencé avec l’ascension de Trump. Au contraire, les conflits au sein d’une classe capitaliste de plus en plus fracturée sur le plan politique ont fini par dominer la vie interne du parti à la suite de la crise financière de 2008, radicalisant certains éléments de celui-ci tout en créant une impasse entre les factions, dont Trump a su tirer parti. Au moment où Trump a pris le pouvoir, les conflits entre le parti et les principales institutions patronales, telles que la Business Roundtable et la Chambre de commerce, étaient un élément familier de la politique américaine [7]. Ils ont peut-être pris une ampleur sans précédent sous Trump, mais ils n’ont pas commencé avec lui.

Trump doit donc être considéré comme l’accélérateur d’un processus déjà à l’œuvre au sein du Parti républicain avant sa « prise de contrôle hostile » du parti. Bien sûr, il y a beaucoup de changements dans la façon dont Trump dirige le parti, mais son règne s’inscrit davantage dans la continuité des dynamiques précédentes qu’il ne marque une rupture avec celles-ci, et ce à deux égards essentiels. Premièrement, l’ascension de Trump est elle-même le résultat d’un conflit interne au parti, né de l’affaiblissement des institutions partisanes et de la fragmentation de la classe capitaliste. C’est le conflit que ces forces ont déclenché au sein du Parti républicain qui a permis à Trump d’en prendre le contrôle. Deuxièmement, la direction du parti par Trump, depuis 2016, tant à la Maison-Blanche que dans l’opposition, n’a fait qu’exacerber les principales tendances qui caractérisaient le parti avant son règne : l’ampleur croissante des conflits internes et l’affaiblissement de l’institution partisane elle-même.

 

L’Ancien Régime

Le Parti républicain a été un fidèle défenseur des intérêts des entreprises pendant presque tout le XXe siècle. Cette relation n’a pas été sans heurts. En 1964, par exemple, la nomination de Barry Goldwater, obtenue grâce à des escroqueries et à une fraude pure et simple de la part des militant·e·s de l’aile droite du parti, a conduit une grande partie des entreprises à fuir le parti pour se réfugier dans les bras relativement plus sûrs du démocrate Lyndon Johnson [8]. Mais la tendance générale de cette période était claire : la plupart des chefs d’entreprise et des cadres supérieurs préféraient le Parti républicain, qui, en retour, les assurait d’exécuter fidèlement les souhaits de la classe patronale.

Pourtant, même si cette relation semblait saine, à l’aube du XXIe siècle, des changements institutionnels étaient en cours qui allaient bientôt la compromettre. Les deux dynamiques clés étaient l’affaiblissement des partis politiques et la fragmentation de la classe capitaliste. Toutes deux reflétaient des caractéristiques de longue date de l’économie politique américaine, mais elles se sont intensifiées au cours des dernières décennies du XXe siècle, déclenchant finalement des niveaux de conflictualité et de radicalisation au sein du Parti républicain qui ont fini par éloigner de lui une grande partie des entreprises [9].

Alors que les États-Unis se vantaient d’avoir les premiers partis politiques de masse au monde, durant le « Second Party System » [10], les partis s’étaient déjà considérablement affaiblis au début du XXe siècle. La réforme de la fonction publique avait dépossédé les partis de leurs ressources clientélistes, et l’introduction des primaires avait progressivement privé les partis politiques de leur contrôle sur les listes électorales [11].

Le chef de parti, archétype omniprésent de la politique américaine au tournant du siècle, était devenu une espèce en voie de disparition dans les années 1950. V. O. Key Jr., éminent spécialiste des partis américains au milieu du XXesiècle, parlait, en 1956, des « politiciens d’autrefois » qui « parlent les larmes aux yeux de la destruction de l’organisation des partis » [12].

Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, les partis politiques américains se sont encore davantage affaiblis. L’essor de la télévision a conduit à une politique davantage centrée sur les candidat·e·s, l’image personnelle des politiciens devenant plus importante pour les élections que le travail fourni par les partis politiques. La télévision a également entraîné une augmentation vertigineuse du coût des campagnes électorales. La fonction de production nécessaire à la victoire électorale a changé. Alors que le travail était autrefois le facteur le plus important, c’est désormais l’argent qui prime. Le nouveau cadre juridique régissant les dons politiques, établi par la législation et la Cour suprême au cours des années 1970, a également relégué les partis au second plan, consacrant les comités de candidat·e·s comme entités fiscales privilégiées de toute campagne électorale. Au Congrès, la collecte de fonds est devenue la condition sine qua non de l’avancement politique. Au sein du Parti démocrate, Tony Coelho, président du Comité de campagne démocrate au Congrès, a restructuré le financement du parti dans les années 1980 afin de s’adapter à ce nouvel environnement, créant ainsi une nouvelle dépendance vis-à-vis des dons des entreprises. Au sein du Parti républicain, Newt Gingrich a mis en place dans les années 1990 un régime de « pay-to-play » encore plus effronté, dans lequel tous les républicains de la Chambre des représentants étaient tenus de collecter des fonds pour le comité national et de faire des dons supplémentaires s’ils voulaient obtenir des postes au sein de commissions prestigieuses [13].

Tout cela a permis l’émergence rapide de nouveaux centres de pouvoir au sein du parti et a posé de nouveaux défis à la direction de celui-ci. Gingrich, s’appuyant sur son propre réseau de collecte de fonds pour forger des alliances, a contesté la direction plus conciliante des républicains à la Chambre des représentants dans les années 1980 et a pris la tête de la Chambre après la victoire du parti en 1994, instaurant une politique beaucoup plus combative au sein du Parti républicain. Mais à peine Gingrich avait-il consolidé sa position, que des rivaux, tels Tom DeLay, du Texas, ont mis en place leurs propres machines de collecte de fonds et les ont utilisées pour le défier. Le pouvoir de l’argent sur l’appareil du parti a incité tous ceux qui pouvaient réunir suffisamment de fonds à se lancer dans la course.

L’argent a commencé à affluer pour les challengers lorsque la classe capitaliste américaine s’est fracturée politiquement, après les années 1970. Longtemps plus désorganisés que leurs homologues européens, dont les affrontements avec de puissants mouvements syndicaux avaient forgé des organisations patronales disciplinées et puissantes, les capitalistes américains se sont néanmoins lancés dans une impressionnante campagne de mobilisation dans les années 1970. Confrontés à une nouvelle crise économique, ils se sont mobilisés pour remodeler la politique de l’État et porter un coup décisif aux syndicats. Cependant, au lendemain de leur victoire, la coalition durement acquise par les employeurs s’est rapidement désintégrée. Sans ennemi extérieur puissant pour les contraindre à l’unité, les capitalistes sont revenus à leur statut par défaut, celui de « faux frères », selon la formule de Karl Marx [14]. Les interventions politiques des entreprises américaines sont devenues moins classistes et plus sectaires, visant à promouvoir les intérêts à court terme de certaines entreprises.

Cette classe capitaliste plus fracturée a généré beaucoup d’argent pour les candidat·e·s républicains de droite qui cherchaient à orienter le parti dans une direction plus combative et conservatrice. Les principales organisations du grand capital ont conservé une approche essentiellement transactionnelle de la politique, ouvertes au compromis avec les démocrates, les syndicats et l’État providence si les entreprises pouvaient tirer un quelconque avantage des négociations. Mais à mesure que le monde des affaires se fragmentait, de plus en plus d’entreprises étaient prêtes à tenter leur chance avec une politique beaucoup plus maximaliste, estimant que de telles positions produiraient de meilleurs résultats politiques que de suivre le mouvement pour éviter les conflits. Ces entreprises sont devenues les principaux bailleurs de fonds de la droite républicaine.

Des fissures sont apparues au sein du parti dans les années 1990. La politique de guerre partisane menée par Gingrich a déclenché une dynamique dans laquelle les républicains cherchaient constamment à se surpasser les uns les autres en s’engageant à réduire l’État providence et à dénoncer la corruption des démocrates. En 1997, une tentative de coup d’État contre Gingrich a échoué, menée par des représentants plus jeunes, et la conférence républicaine s’est divisée sur la question de la mondialisation à peu près à la même époque, un grand nombre de législateurs se ralliant à la minorité d’entreprises américaines sceptiques à l’égard du libre-échange [15]. George W. Bush a toutefois réussi à maintenir la cohésion en combinant des politiques largement soutenues par les conseils d’administration des grandes entreprises avec un fervent évangélisme et un bellicisme impérialiste. Au lendemain de sa victoire en 2004, les républicains semblaient à l’aube d’une nouvelle période de domination partisane.

Au cours du second mandat de Bush, cependant, tout s’est effondré, et le Parti républicain s’est révélé plus divisé en interne et moins réceptif aux préférences des entreprises qu’il ne l’avait semblé. La tentative de Bush de faire adopter une réforme de l’immigration favorable aux employeurs – une priorité clé de ses soutiens dans le monde des affaires – a échoué lamentablement, déclenchant un conflit massif au sein du parti, alors que le nationalisme xénophobe gagnait du terrain à la Chambre des représentants. Puis la crise financière a frappé, et le plan de Bush (ou, plus exactement, celui du secrétaire au Trésor Henry Paulson) pour renflouer le secteur financier s’est heurté à une résistance massive des représentant·e·s républicains. Malgré les supplications de pratiquement toutes les grandes organisations patronales, la majorité des représentant·e·s républicains ont préféré se rallier aux revendications de groupes politiques conservateurs, tels que FreedomWorks et le Club for Growth (eux-mêmes financés, bien sûr, par d’autres chefs d’entreprise et dirigeants), qui dénonçaient le plan de sauvetage comme étant du socialisme. Bien que le plan de sauvetage ait finalement été adopté, grâce aux votes des démocrates, la crise a mis en évidence le fossé grandissant entre une grande partie du Parti républicain et le courant dominant des conseils d’administration des grandes entreprises [16].

Au cours des années suivantes, les divisions au sein du parti ne firent que se cristalliser, et en 2013, il était courant pour les journalistes de parler d’une « guerre civile » républicaine. Pendant cette période, les capitalistes qui souhaitaient voir le Parti républicain adopter un conservatisme plus combatif et intransigeant s’organisèrent, rivalisant en taille avec des institutions commerciales vénérables, telles que la Chambre de commerce américaine. L’institution clé de ce nouveau pôle de la politique d’entreprise était le réseau Koch. Créé par les frères libertariens Charles et David Koch, ce réseau réunissait des chefs d’entreprise lors de séminaires où ils étaient formés à l’économie de marché, et faisait des dons aux organisations à but non lucratif et aux comités d’action politique (PAC) dirigés par les Koch.

Ce réseau s’est rapidement développé après sa création, au début des années 2000. En 2007 et 2008, les séminaires Koch ont permis de récolter près de 100 millions de dollars de promesses de dons. En 2011-2012, ce chiffre dépassait les 400 millions de dollars, soit l’équivalent des dons récoltés par le Comité national républicain – le Comité national républicain du Congrès et le Comité national républicain du Sénat réunis –. En 2015-2016, les collectes de fonds des frères Koch ont atteint près de 800 millions de dollars, soit trois fois plus que les trois comités nationaux du Parti républicain [17]. À cette époque, les différentes organisations des frères Koch, financées par cette manne, employaient plus de 1200 personnes, soit 3,5 fois plus que les trois comités nationaux républicains [18].

Tout cet argent a servi à financer la contestation de la direction du Parti républicain. Les élections de mi-mandat de 2010 ont été marquées par une forte augmentation du nombre de candidat·e·s aux primaires, le nombre de candidat·e·s financés pour défier les sortants ayant doublé [19]. L’influence de ce nouveau groupe de législateurs·trices républicains, plus conservateurs et plus combatifs s’est rapidement fait sentir, notamment lors de la crise du plafond de la dette en 2011, au cours de laquelle les législateurs républicains, au grand dam de leur nouveau président de la Chambre des représentants, John Boehner, ont refusé d’accepter toute augmentation du plafond de la dette fédérale sans coupes budgétaires importantes.

Cette intransigeance les a également mis en conflit avec certaines des plus grandes organisations professionnelles du pays, qui ne voyaient aucun intérêt à jouer avec un défaut de paiement partiel de la dette nationale. Le réseau Koch, quant à lui, a soutenu les insurgés, les poussant à adopter une ligne dure, quelles qu’en soient les conséquences [20]. Il en est résulté un accord sur le plafond de la dette sur lequel les démocrates ont eu plus d’influence que le GOP divisé, ce qui a abouti à des coupes budgétaires moins importantes encore que ce qu’espéraient les républicains de l’establishment. En conséquence, les républicains de l’establishment ont commencé à s’organiser contre les insurgés, s’efforçant de soutenir les candidat·e·s sortants qui avaient été pris pour cible lors des primaires.

Cette guerre civile au sein du Parti républicain s’est développée parallèlement à l’émergence d’un nouvel écosystème politique résultant des changements apportés à la loi sur le financement des campagnes électorales. Dans deux décisions rendues en 2010, Citizens United vs. Federal Election Commission et Speechnow.org v. FEC, la Cour suprême a autorisé la création de super PAC, des entités pouvant collecter et dépenser des fonds illimités pour les élections, à condition de ne pas coordonner directement leurs dépenses avec le comité du ou de la candidat·e ou avec le parti. Les super PACs, rapidement mis en place par les deux camps de la guerre civile au sein du Parti républicain, ont commencé à concurrencer le parti et les comités de candidat·e·s pour obtenir des dons. Ironiquement, c’est une figure de l’establishment, Karl Rove, qui a été le premier à tirer parti du nouveau cadre juridique pour créer un super PAC, American Crossroads. Bien que l’objectif de ce nouveau groupe ait été d’apporter un soutien supplémentaire au Parti républicain, il ne pouvait s’empêcher de concurrencer les donateurs, ce qui a encore réduit le rôle du parti lui-même [21].

En 2015, lorsque la campagne pour les primaires de 2016 a débuté, le Parti républicain était divisé en deux fractions : un establishment profondément conservateur et une aile insurgée ultraréactionnaire. Les fractions n’étaient bien sûr pas une nouveauté dans la politique partisane américaine. Mais la capacité de l’institution du parti à arbitrer les conflits entre ces fractions s’était considérablement affaiblie depuis les années 1970. Généreusement financés par l’aile du capital américain qui ne voulait rien de moins qu’une guerre totale contre l’État providence, les insurgés étaient plus que capables de se maintenir dans une guerre des tranchées à long terme contre l’establishment.

C’est dans ce contexte que Donald Trump a lancé sa campagne présidentielle en 2015. Les divisions fractionnelles lui ont été favorables à plusieurs égards. Les insurgés avaient encouragé un style politique particulièrement virulent, dont Trump s’est rapidement imposé comme le maître incontesté. Une grande partie des électeurs·trices républicains s’était habituée à voter pour celui qui condamnait de la façon la plus virulente les libéraux. Comme l’a déclaré un politicien du Tea Party : « Pendant tout ce temps, je pensais qu’ils votaient pour des républicains libertariens. Mais après mûre réflexion, j’ai compris que, lorsqu’ils ont voté pour Rand, Ron et moi, lors des primaires, ils ne votaient pas pour des idées libertariennes, mais pour le fils de pute le plus fou de la course. Et Donald Trump a remporté la palme. » [22]

De plus, les deux fractions pensaient que la candidature de Trump leur serait profitable et se sont donc abstenues de l’attaquer. Jeb Bush, le candidat désigné par l’establishment, pensait que Trump diviserait les voix des insurgés avec Ted Cruz. Cruz, quant à lui, pensait que Trump attiserait les passions des insurgés dans l’électorat primaire, qu’il finirait par rallier à sa cause. Enfin, la bataille entre l’establishment et les insurgés portait en grande partie sur le degré de dogmatisme dont le parti devait faire preuve dans ses attaques contre l’État providence. Les deux camps étaient aveugles à l’opportunité que cela offrait à un candidat qui ferait campagne pour le protéger ***, ce que Trump a fait. La guerre des fractions qui a déchiré le Parti républicain après 2008 a été un facteur déterminant dans sa victoire huit ans plus tard.

Avant l’ascension de Trump, deux dynamiques dominaient le Parti républicain. Premièrement, les conflits internes s’étaient fortement intensifiés. Ces conflits avaient fait surface dans les années 1990, puis avaient explosé pendant le second mandat de George W. Bush, marquant le parti, de cette période jusqu’à l’élection de Trump. Deuxièmement, l’appareil du parti s’était progressivement affaibli. Les changements dans le financement des campagnes électorales dans les années 1970 avaient conduit à une nouvelle domination de l’argent en politique au sein des partis, ce qui a réduit le pouvoir que leurs dirigeants pouvaient mobiliser en vertu de leur position institutionnelle. Dans les années 2010, les décisions de la Cour suprême ont encore renforcé le rôle de l’argent en politique en lui permettant de prendre une forme organisationnelle en concurrence avec les partis eux-mêmes. La fragmentation de l’élite des entreprises a interagi avec ces deux dynamiques. L’émergence d’un nouveau réseau ultraconservateur, centré autour des Koch, a attisé les conflits au sein du parti, et des sommes colossales provenant des riches entreprises ont rapidement afflué vers des supers PAC rivaux.

Le règne de Donald Trump sur le Parti républicain n’allait pas modifier fondamentalement l’un ou l’autre de ces schémas. En fait, il n’allait faire que les intensifier.

 

La fin de l’idéologie

On suppose souvent que la domination remarquable de Trump sur le Parti républicain a mis fin au conflit qui faisait rage au sein du parti au début des années 2010. Les observateurs soulignent le contrôle sans précédent qu’il a maintenu sur le parti, même après sa défaite en 2020, et l’obéissance humiliante que pratiquement tous les acteurs politiques républicains sont prêts à lui offrir. En effet, les manifestations de la suprématie de Trump sont frappantes, à commencer par le fait qu’il a rempli l’appareil du parti de membres de sa famille (en 2020, sept orateurs de la Convention nationale républicaine portaient le nom de Trump) jusqu’à sa domination dans les primaires de 2024 [23].

Pourtant, le pouvoir personnel exercé par Trump sur le parti n’a guère favorisé l’unanimité en son sein. En effet, il a élargi le champ des conflits pour deux raisons. Premièrement, la campagne primaire de Trump, en 2016, visait en grande partie à se définir comme un républicain différent. Sur des questions clés, telles que le commerce international, la défense et la politique sociale, Trump s’est démarqué du dogme existant du Parti républicain. Ce faisant, il a élargi le champ des désaccords au sein du parti. Auparavant, les conflits portaient sur l’ampleur des changements politiques à mener dans une direction donnée. Les insurgés et l’establishment républicain ne divergeaient pas sur la nécessité de réduire les programmes sociaux, mais sur l’ampleur de ces réductions et sur l’intransigeance dont le parti devait faire preuve pour les obtenir. Trump a toutefois semé la discorde au sein du parti sur l’orientation même des changements politiques. Le parti a alors commencé à être divisé sur des questions qui le rassemblaient auparavant.

Deuxièmement, le caractère essentiellement non idéologique de Trump, combiné à son style particulier de leadership exécutif, a encore accentué les tensions au sein du parti. Une fois au pouvoir, Trump a manifesté une profonde aversion pour toute forme de leadership politique. Il préférait que les gens lui soumettent des idées, qu’il approuvait ou rejetait ensuite, sans aucune coordination avec les autres membres de l’administration. Son mode de fonctionnement ressemble étonnamment à la célèbre description de Ian Kershaw du « travail pour le Führer » dans le Troisième Reich, où

« dans la jungle darwinienne [du régime], le chemin vers le pouvoir et l’avancement passait par l’anticipation de la ‘volonté du Führer’ et, sans attendre les directives, par la prise d’initiatives visant à promouvoir ce que l’on supposait être les objectifs et les souhaits d’Hitler. » [24]

Trump préfère ne pas s’impliquer dans l’élaboration des politiques, mais plutôt approuver ou rejeter les projets qui lui sont soumis par ses subordonnés, avec peu de coordination globale. Dans l’État nazi, une telle approche a souvent donné lieu à des conflits entre différentes factions du régime, qui ont paralysé ou entravé le fonctionnement de diverses institutions étatiques. Il en allait de même à la Maison-Blanche de Trump. Une faction de l’administration poussait à tout abandonner pour se concentrer sur la réforme fiscale, tandis qu’une autre poussait à tout abandonner pour se concentrer sur la politique d’immigration. Le mode de fonctionnement de Trump a favorisé un climat d’intrigues persistantes, les différents responsables se battant toujours pour être le dernier à rester dans la pièce avec lui. Comme Trump était très réticent à mettre en place une coordination au sein de son administration, cela a encouragé les conflits entre les différents entrepreneurs politiques du parti, chacun se battant pour faire approuver ses projets favoris par le président.

En conséquence, après huit ans de domination de Trump au sein du parti, les divisions idéologiques ne font que s’accentuer. Certes, la forme que prend le conflit a changé. Comme la majeure partie du parti a effectivement prêté allégeance à Trump, la discorde est en quelque sorte moins intense qu’au cours de la période précédente, où le parti n’avait pas de leader consensuel. Alors qu’autrefois, les représentants du Tea Party lançaient des attaques personnelles virulentes contre des dirigeants comme Boehner, les politiciens manœuvrent désormais pour s’attirer les faveurs de Trump. Mais, si la tension s’est apaisée, l’éventail des positions au sein du parti, et donc le potentiel de conflits futurs, s’est considérablement élargi.

Dans le domaine de la politique économique, l’ascension de Trump a vu s’amplifier, au sein du Parti républicain, une dissidence vis-à-vis de l’économie de marché plus importante que jamais depuis les expériences de contrôle des prix menées par Richard Nixon. Plus important encore, Trump a ouvert une brèche considérable au sein du parti sur la question du libre-échange. Le commerce avait déjà été une ligne de fracture au sein du Parti républicain, en particulier à la fin des années 1990, comme mentionné ci-dessus, lorsque le parti au Congrès s’était rebellé contre le soutien de la direction à l’agenda de libre-échange de Bill Clinton [25]. Mais la présidence de George W. Bush a consolidé le soutien des républicains au libre-échange en tant qu’orthodoxie du parti. Même lorsque le « choc chinois », lié à la concurrence des importations, a commencé à toucher les circonscriptions républicaines, les représentant·e·s du GOP ont réagi en adoptant un discours anti-Chine plutôt qu’en se retournant contre le libre-échange lui-même [26]. Alors que les sondages révélaient que les partisans du Tea Party exprimaient un scepticisme important à l’égard du libre-échange, les politiciens liés au Tea Party, comme Ted Cruz et Paul Ryan, en étaient des fervents défenseurs [27].

L’ascension de Trump a révélé l’importance du courant anti-libre-échange au sein du parti, poussant d’autres républicains à adopter rapidement des positions plus protectionnistes. Des personnalités, telles que Cruz, qui s’était autrefois déclaré « fervent défenseur du libre-échange », ont évolué pendant la campagne présidentielle de 2016 contre Trump vers une position beaucoup plus sceptique à l’égard du commerce, diffusant des publicités promettant un « commerce équitable » [28]. D’autres figures de proue du Parti républicain, comme Mitch McConnell et John Cornyn, ont conservé leur position traditionnelle en faveur du libre-échange, exprimant leur opposition à la politique tarifaire de Trump [29]. Une analyse plus systématique a confirmé l’émergence d’une division importante au sein du parti sur la politique commerciale [30].

Il existe également des conflits autour de la politique économique nationale. Des années 1980 à 2016, la réforme des prestations sociales a été l’une des causes sacrées du Parti républicain. Les programmes soumis à des conditions de ressources, tels que l’aide aux familles avec enfants à charge (AFDC), ont été les principales cibles de cette croisade, mais Medicare et la Sécurité sociale, qui sont des programmes beaucoup plus importants, ont également été dans le collimateur. Dans les années 2010, le projet de budget de Ryan, qui est devenu le cadre de la politique économique du Parti républicain, promettait des coupes sombres dans tous ces programmes [31]. Trump a toutefois rompu avec cette politique et a fait campagne en 2016 sur la protection de la Sécurité sociale et de Medicare. Il a fustigé ses adversaires républicains qui voulaient « sabrer dans » la Sécurité sociale [32].

D’autres républicains ont rapidement emboîté le pas. J. D. Vance, par exemple, lors de sa campagne pour le Sénat en 2022, a déclaré au Cincinnati Enquirer, que « lorsque vous voyez des gens se montrer agressifs et dire qu’il faut réduire Medicare, qu’il faut réduire la Sécurité sociale… Je ne pense pas que nous devrions jeter les gens à la rue en leur disant : ‘Maintenant, débrouillez-vous’ » [33]. D’autres sénateurs républicains ont approuvé toutes sortes de mesures, de l’augmentation du salaire minimum à une politique antitrust plus agressive, deux mesures qui auraient été impensables dans le Parti républicain de George W. Bush. Si ces positions politiques sont peut-être plus rhétoriques que réelles, dans la mesure où la polarisation partisane empêche ces personnalités de travailler avec les démocrates pour les mettre en œuvre, le fait même que les républicains s’écartent rhétoriquement du consensus qui a défini le parti pendant des décennies est un signe de ses divisions croissantes.

En matière de politique étrangère également, les républicains sont aujourd’hui beaucoup plus divisés qu’auparavant. À la fin des années 1990, nombreux étaient ceux qui s’opposaient à l’intervention de Clinton au Kosovo, même si tout porte à croire que cette opposition était davantage motivée par une haine partisane à l’égard du président que par une résurgence de l’isolationnisme [34]. Après tout, lorsque Bush a lancé les guerres en Afghanistan et en Irak, quelques années plus tard, les républicains du Congrès l’ont soutenu avec ferveur. Même lorsque la guerre en Irak s’est révélée être une catastrophe, les républicains du Congrès sont restés fidèles à Bush et, en 2008, le parti a désigné John McCain, un candidat dont la principale caractéristique était son soutien au maintien du cap en Irak. Trump, quant à lui, a mené une campagne pour critiquer vivement la décision d’envahir l’Irak (même s’il l’avait soutenue à l’époque) et attaqué l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en tant qu’institution exploitant les États-Unis.

La position de Trump sur l’OTAN, et plus généralement sur la politique étrangère en Europe, est le domaine où ses politiques ont créé les plus grandes divisions au sein du Parti républicain. Si critiquer les membres de l’OTAN pour ne pas dépenser suffisamment en matière de défense était de rigueur pour les politiciens républicains, le parti était fermement «Otaniste » [35]. Trump a poussé cette critique plus loin en suggérant que les États-Unis ne respecteraient pas leurs obligations de défense mutuelle, prévues à l’article 5, envers les pays qu’ils jugeraient défaillants en termes de dépenses militaires [36].

Dans le même ordre d’idées, Trump a également indiqué sa volonté de resserrer les relations avec la Russie, l’ennemi numéro un de l’OTAN. Avant Trump, le Parti républicain était farouchement russophobe. Au lendemain de l’invasion russe de la Crimée, en 2014, les politiciens républicains se sont surpassés dans leurs appels à une intervention plus agressive des États-Unis contre la Russie. Pendant la présidence de Trump, le parti a affiché une sorte de schizophrénie sur la question russe. Dans ses discours, Trump s’est donné beaucoup de mal pour témoigner son affection à Vladimir Poutine. En termes de politique concrète, cependant, il a durci l’hostilité de l’administration Obama envers la Russie, imposant de nouvelles sanctions et expulsant des diplomates russes [37].

La politique républicaine à l’égard de l’Europe de l’Est n’a réellement changé que lors de la procédure de destitution de Trump pour avoir menacé de suspendre l’aide militaire à l’Ukraine. Trump avait tenté de contraindre le gouvernement ukrainien à l’aider dans sa campagne de réélection. Son plan était d’obtenir l’aide de l’Ukraine pour affirmer que Joe Biden était intervenu dans la politique ukrainienne au profit de son fils Hunter, qui siégeait au conseil d’administration d’une société énergétique ukrainienne. Lorsque les agissements de Trump ont été rendus publics, à la suite d’une dénonciation, le parti s’est empressé de le défendre en avançant la théorie selon laquelle il tentait de lutter contre la corruption rampante en Ukraine [38]. Cela a marqué le début d’une hostilité généralisée du Parti républicain envers l’Ukraine, qui n’a cessé de croître au cours des années suivantes.

Lorsque la Russie a envahi l’Ukraine en février 2022, une grande partie du Parti républicain a rejeté l’intervention de l’administration Biden visant à fournir des armes à l’Ukraine [39]. Le parti est depuis lors profondément divisé sur la question, et si Trump a intimidé la plupart des républicains pour qu’ils acceptent sa position anti-OTAN, le militarisme atlantiste traditionnel reste très ancré. Alors que la politique étrangère était autrefois considérée comme un domaine dans lequel les républicains pouvaient exercer ce que les politologues appellent « l’appropriation d’un enjeu », elle est aujourd’hui l’un des principaux sujets de division au sein du parti.

Enfin, le parti s’est divisé à la suite de son absorption de ce que l’on pourrait appeler le vote conspirationniste. Au cours des huit dernières années, les électeurs·trices qui expriment le moins de confiance dans les institutions américaines se sont rapprochés du Parti républicain [40]. Cette réorientation s’explique bien sûr par de multiples causes, allant du désengagement général des classes populaires à l’affinité particulière de Trump pour les théories du complot. Mais elle a eu pour effet d’introduire davantage de chaos et de conflits dans l’idéologie républicaine.

Pour prendre un exemple, le Parti républicain a longtemps été le parti préféré de l’industrie pharmaceutique [41]. Cette industrie a généreusement contribué aux think tanks de droite, qui ont loyalement mené la guerre contre des propositions politiques, telles que la négociation des prix des médicaments dans le cadre de l’assurance maladie (Medicare) [42]. Pourtant, Trump a accueilli dans ses rangs des personnalités telles que Robert F. Kennedy Jr, dont la vision conspirationniste du monde est centrée sur les effets néfastes des produits de l’industrie pharmaceutique. Alors qu’auparavant, la principale critique du Parti républicain envers la réglementation pharmaceutique était que des institutions, telles que la Food and Drug Administration, entravaient l’innovation par leurs règlements, une frange importante du parti estime désormais que trop de médicaments ont été approuvés et que certains, comme le vaccin contre la polio, devraient être retirés du marché [43]. D’autres républicains, bien sûr, restent fidèles à l’affection traditionnelle du parti pour le lobby pharmaceutique. L’absorption des électeurs peu confiants – et des politiciens qui leur répondent – a élargi le champ des questions conflictuelles au sein du parti.

Le Parti républicain a bien sûr connu des divisions par le passé. Le clivage entre « l’establishment de la côte Est » et les conservateurs du Midwest et de la Sun Belt a caractérisé le parti, du New Deal aux années 1970. Même sous Ronald Reagan, il existait un conflit considérable entre lui et les conservateurs du Congrès [44]. Cependant, dans le système politique post-droits civiques, ce conflit a plutôt porté sur l’ampleur des changements politiques que sur leur orientation. La question était de savoir jusqu’où aller dans le conservatisme à un moment donné, et non la signification du conservatisme. Le célèbre « tabouret à trois pieds » de Reagan, composé du conservatisme social, de l’économie de marché et d’une politique étrangère belliciste, définissait le parti. Aujourd’hui, cependant, la signification même du conservatisme est de plus en plus remise en question au sein du Parti républicain. Il est désormais difficile de savoir si le conservatisme implique le libre-échange ou le protectionnisme, un État-providence « national conservateur » ou une réforme des droits sociaux, une position belliciste ou pacifiste vis-à-vis de la Russie. Le conflit qui faisait rage au sein du parti, avant l’ascension de Trump, n’a pas été résolu. Il a produit des métastases.

 

La mort du parti

Tout comme Trump n’a pas mis fin au conflit au sein du Parti républicain, mais l’a plutôt amplifié, il a également accéléré son déclin organisationnel. Avant Trump, cela se traduisait par l’importance croissante de l’argent au sein du parti et la montée en puissance de structures extrapartisanes, telles que les super PAC. Le premier processus n’a pratiquement pas été modifié par la présidence de Trump, tandis que le second s’est accéléré, les institutions extrapartisanes acquérant une nouvelle place centrale dans la stratégie électorale du Parti républicain. À cela, Trump a ajouté son style particulier de gouvernement personnalisé, qui a également contribué à vider le parti de sa substance en tant que force institutionnelle autonome. Tout cela a rendu le parti moins capable de résoudre les tensions idéologiques conflictuelles décrites ci-dessus et l’a rendu totalement dépendant du statut de Trump, sorte de totem substitué aux ressources organisationnelles [45].

Le pouvoir personnel exercé par Trump sur le Parti républicain est sans précédent dans l’histoire politique américaine. Richard Nixon a tenté quelque chose de comparable avec ses diverses manœuvres, mais il n’a réussi qu’à salir définitivement son nom. Le politologue Daniel Galvin a élaboré une typologie des présidents modernes, les divisant en deux catégories : les bâtisseurs de parti et les prédateurs de parti [46]. Trump est un prédateur de parti sans égal, qui subordonne tous les aspects du parti à son succès personnel. Les exemples abondent. En 2016, il a tenté pendant un certain temps d’obtenir la nomination de sa fille Ivanka à la vice-présidence plutôt que d’utiliser cette fonction pour approfondir ses liens avec d’autres ailes du Parti républicain [47]. En 2020, le parti n’a même pas présenté de programme, refusant de se définir autrement que comme le parti de Trump [48]. En 2024, Trump a même commencé à faire payer aux autres candidat·e·s républicains l’utilisation de son image dans leurs publicités politiques, exigeant qu’un pourcentage des dons reçus grâce à ces publicités soit reversé à sa campagne [49]. Pour Trump, le parti a principalement servi de ressource à piller ou à ignorer selon les besoins, plutôt que d’institution à renforcer.

La manière dont Trump se présente comme un nouveau type de politiciens a également contribué à renforcer son image de marque au détriment de celle de son parti. En 2015 et 2016, Trump s’est délibérément opposé au courant dominant du Parti républicain, se proclamant un conservateur différent. Le succès de cette stratégie lui a valu une loyauté personnelle extraordinaire, qui s’oppose à celle envers son parti. Peu après son élection, un orateur du CPAC a résumé l’état d’esprit des participants en déclarant : « À bien des égards, Donald Trump incarne actuellement le mouvement conservateur. Et le mouvement conservateur, c’est Donald Trump » [50]. En 2018, un sondage auprès des électeurs·trices républicains a révélé que près de 60 % des républicains inscrits se considéraient davantage comme des partisans de Donald Trump que comme des partisans du Parti républicain [51]. Ce type de personnalisation a rendu difficile pour Trump de renforcer le reste du parti, le laissant, après les élections de 2024, avec une majorité extrêmement faible au Congrès, ce qui limite ses initiatives [52].

Le personnalisme de Trump a également sapé le parti par son népotisme. Dans le Parti républicain de Donald Trump, la loyauté personnelle est de loin la qualité la plus importante pour gravir les échelons (même si elle n’est en aucun cas une garantie de longévité, comme l’ont découvert des personnalités telles que H. R. McMaster ou Ronna McDaniel). Au niveau des États, en particulier, cela a permis à des candidat·e·s totalement incompétents d’accéder à des postes élevés en proclamant leur allégeance à Trump avec plus de ferveur que leurs concurrents. Dans le Michigan, par exemple, Kristina Karamo, dont l’expérience politique se limitait à une défaite lors d’une primaire pour la nomination au poste de commissaire de comté, s’est hissée au pouvoir après les élections de 2020 en promouvant sans relâche des théories du complot sur la fraude électorale. En 2023, elle a remporté l’élection à la présidence du parti de l’État et l’a rapidement mené à la ruine par sa mauvaise gestion, en s’aliénant les donateurs et en démoralisant les militant·e·s [53]. La désorganisation provoquée par Karamo a probablement coûté au parti le siège du Michigan au Sénat lors des élections de 2024 [54]. Des histoires similaires se sont déroulées dans d’autres États [55]. Les personnalités les plus fidèles à Trump sont rarement les mieux armées pour diriger les organisations étatiques.

Trump a également affaibli le parti par son influence sur la collecte de fonds. Il a certes fait preuve d’une force inhabituelle dans ce domaine. En 2016, il a remporté un succès bien plus grand auprès des petits donateurs que tous les candidats républicains précédents [56]. Cependant, l’émergence de la collecte de petits dons dans la politique républicaine a accru les tensions centrifuges au sein du parti, car elle a tendance à renforcer le pouvoir des personnalités capables de dominer la couverture médiatique, même si elles ne contribuent guère à faire avancer le parti dans son ensemble. Marjorie Taylor Greene, en Géorgie, par exemple, a eu la capacité de générer une attention médiatique considérable grâce à un complotisme vide de sens, ce qui lui a permis de devenir l’une des collectrices de fonds les plus efficaces du Parti républicain, malgré son incapacité à influencer la politique.[57] Pire encore, elle a compris que les conflits au sein du Parti républicain pouvaient être aussi efficaces pour attirer l’attention que les conflits avec les démocrates, ce qui l’a conduite à attaquer sans ménagement le président de la Chambre des représentants qu’elle avait contribué à installer quelques mois plus tôt  [58].

Enfin, Trump s’est aliéné bon nombre des petits donateurs qu’il avait mobilisés en 2016 par une combinaison d’appels incessants et d’escroqueries pures et simples. En octobre 2024, l’Associated Press a rapporté que les collectes de fonds de Trump auprès des petits donateurs avaient baissé de 40 %, en 2024, par rapport à 2020. Comme l’a déclaré un donateur à l’AP : « J’en ai marre qu’ils me demandent de l’argent. […] Je suis handicapé, vous m’envoyez SMS sur SMS, SMS sur SMS » [59]. En plus de cela, le Parti républicain de Trump a été en proie à des escroqueries, récoltant des millions de dollars de dons auprès de partisans âgés qui ne savaient pas qu’ils s’étaient engagés à verser des dons mensuels [60].

Outre ses petits donateurs, Trump s’est aliéné bon nombre de donateurs traditionnels du Parti républicain issus du monde des affaires. Comme nous l’avons vu plus haut, on assiste à un remaniement historique des flux financiers, qui s’éloignent du Parti républicain. Ce remaniement est bien sûr loin d’être total. Bon nombre des plus grands donateurs du Parti républicain au cours de la dernière décennie sont restés fidèles à Trump [61]. De plus, il existe de nombreuses preuves qu’une partie des entreprises de la Silicon Valley et du secteur financier se sont tournées vers le Parti républicain, allant à l’encontre de la tendance à long terme de ces industries [62]. Bon nombre des personnalités de ces secteurs qui se tournent vers Trump sont très idéologisées et font des dons moins pour des raisons pratiques liées à l’accès à leur entreprise que par conviction profonde dans la mission de Trump. En conséquence, le soutien dont bénéficie Trump de la part des entreprises est beaucoup plus restreint que celui dont bénéficiait un président comme George W. Bush, mais à certains égards, il est plus profond.

Cela a créé une situation paradoxale pour le Parti républicain. Alors que le parti remporte plus de voix au sein de la classe ouvrière qu’il ne l’a fait depuis des décennies, son financement provient d’une couche de la population de plus en plus restreinte [63]. Bien que les dons politiques aient toujours été extrêmement inégaux, avec des montants considérables provenant d’un petit groupe de donateurs, cette inégalité a atteint de nouveaux sommets, en 2024, au sein du Parti républicain. Selon Adam Bonica, plus de 60 % du total des dons au Parti républicain (aux comités du parti et aux super PAC) en 2024 provenaient des 400 principaux donateurs·trices, soit deux fois plus qu’en 2020 [64]. Une étude sur les dons des milliardaires, en 2024, a révélé que 72 % de leurs dons allaient aux républicains, le super PAC de Trump, Make America Great Again Inc., étant le principal bénéficiaire des dons des milliardaires [65]. Malgré tout le battage médiatique autour des républicains, présentés comme le parti de la classe ouvrière, leur financement n’a jamais été aussi dépendant d’un petit noyau de milliardaires hyper-idéologisés.

Cette dépendance a imposé des contraintes à la stratégie électorale du parti. La Commission électorale fédérale (FEC) impose des limites aux dons que les particuliers peuvent verser aux comités de campagne des candidat·e·s et aux partis. Cependant, les super PAC ne sont soumis à aucune limite en matière de dons. Tout le monde peut leur donner autant qu’il le souhaite. Par conséquent, lorsqu’il s’agit de collecter des fonds pour le comité officiel du candidat ou les comités officiels du parti, un milliardaire ne vaut pas beaucoup plus qu’un simple millionnaire, puisque le montant total qu’ils peuvent donner est limité. Mais les milliardaires peuvent donner des sommes vraiment colossales aux super PAC. La base étroite du soutien au Parti républicain a ainsi renforcé le pouvoir des super PAC au détriment du parti.

En 2024, cela a conduit la campagne de Trump à dépenser plus par l’intermédiaire des super PAC que de son comité de campagne officiel, une première dans l’histoire. Alors qu’environ 40% des fonds de Kamala Harris provenaient de super PAC, ce chiffre était plus proche de 70 % pour la campagne de Trump [66]. Les activités traditionnellement menées par les comités du parti, comme la mobilisation électorale, ont été externalisées, en 2024, à des super PAC, avec l’aide d’une décision de la FEC, affaiblissant les interdictions déjà fragiles en matière de coordination entre le parti et les super PAC [67]. La campagne de Trump n’a mené que peu de démarchage électoral, s’appuyant plutôt sur quelques super PAC, dont l’America PAC d’Elon Musk. Sans surprise, ces opérations étaient souvent assez louches. Le groupe de Musk a été dénoncé pour avoir transporté des militant·e·s à l’arrière de camions U-Haul et avoir illégalement promis de payer des personnes pour voter pour Trump [68]. Dans les mois qui ont précédé l’élection, de nombreux responsables républicains ont exprimé leurs inquiétudes quant à la stratégie de Trump, soulignant que l’amateurisme des super PAC menaçait les efforts de mobilisation de la campagne [69]. Bien sûr, Trump a finalement remporté l’élection. Mais la contribution des supers PAC à cette victoire reste floue et doit faire l’objet de recherches plus approfondies.

Quelle que soit la performance des supers PAC de Trump en 2024, il est clair que l’avenir du Parti républicain (et probablement aussi du Parti démocrate) dépendra davantage de ce type d’externalisation. Cela affaiblit encore plus les partis politiques. Des années 1970 à 2010, l’escalade des coûts des campagnes électorales a rendu les partis plus dépendants de l’argent. Mais l’argent devait toujours passer par le parti lui-même. Les décisions de la Cour suprême dans les affaires Citizens UnitedSpeechnow et McCutcheon v. FEC ont libéré les donateurs de cette obligation. Leur argent pouvait désormais transiter par des institutions qui n’étaient même pas soumises au contrôle populaire, aussi ténu et indirect qu’il fût, que les électeurs avaient pu exercer sur les partis politiques. La campagne de Trump en 2024 a poussé ce processus encore plus loin, reléguant pour la première fois le parti lui-même au rang d’acteur de second plan dans l’élection présidentielle.

Le règne de Trump sur le Parti républicain a affaibli l’institution par rapport à ce qu’elle était lorsqu’il en a pris les rênes. Son style de gouvernement personnalisé a vidé le parti de sa substance, tandis que l’alignement des donateurs qu’il a créé a contraint le parti à se dispenser de ses obligations en matière de gestion de campagne. Bien que sa victoire, en 2024, ait masqué bon nombre de ces faiblesses, le parti continuera d’être façonné par celles-ci dans les années à venir.

Le second mandat de Donald Trump sera probablement au moins aussi chaotique que le premier. Bon nombre de ses nominations, comme celles de Kash Patel au poste de directeur du FBI, de Pete Hegseth au poste de secrétaire à la Défense et d’Elon Musk au poste de ministre sans portefeuille, laissent présager une présidence encore plus instable cette fois-ci. Avec une telle administration, il est particulièrement hasardeux de faire des prévisions.

Cependant, l’histoire du Parti républicain sous Trump suggère que sa trajectoire fondamentale devrait rester inchangée. Un appareil partisan affaibli est moins capable que jamais d’intégrer les différentes factions du parti afin de parvenir à un consensus. Si l’afflux d’argent dans le parti, après les années 1970, a favorisé les tendances à la fragmentation, la libéralisation du financement politique dans le contexte actuel risque d’exacerber encore davantage les luttes de clans. Jusqu’à présent, l’extraordinaire capacité de Trump à s’assurer la loyauté des électeurs·trices républicains a masqué ces faiblesses. Aujourd’hui, cependant, pour la première fois depuis 2015, on peut affirmer avec certitude que Trump ne sera plus la figure centrale du parti dans quatre ans. Après Trump, le déluge.

* Paul Heideman enseigne à New York. Il a dirigé le volume Class Struggle and the Color Line: American Socialism and the Race Question, 1900-1930, Haymarket Books, 2018. Cet article a été traduit en français par nos soins de l’original anglais paru dans Catalyst, vol. 8, n° 4, hiver 2025. 

Notes 

[1] John L. Campbell, American Discontent: The Rise of Donald Trump and Decline of the Golden Age, Oxford, Oxford University Press, 2018, p. 139.
[2] Sur le financement politique des deux élections, voir Thomas Ferguson, Paul Jorgensen, Jie Chen, « Party Competition and Industrial Structure in the 2012 Elections : Who’s Really Driving the Taxi to the Dark Side ? » International Journal of Political Economy, 42, no. 2, 2013 ; Thomas Ferguson, Paul Jorgensen, Jie Chen, « Industrial Structure and Political Outcomes : The Case of the 2016 US Presidential Election », in Ivano Cardinale and Roberto Scazzieri (éds), The Palgrave Handbook of Political Economy, Londres, Palgrave Macmillan, 2018.
[3] Brian Schwartz, « Wall Street spent over $74 millions to back Joe Biden’s run for president, topping Trump’s haul », CNBC, 28 octobre 2020.
[4] Greg Ip, Ken Thomas, « Business on Biden : Not So Bad, Given the Alternatives », Wall Street Journal, 25 octobre 2020.
[5] Jeffrey A. Sonnenfeld, « I Know What America’s Leading C.E.O.s Really Think of Donald Trump », New York Times, 23 juin 2024.
[6] Le soutien des entreprises aux républicains au Sénat, en particulier, est resté solide. Mais on a également assisté à un glissement indéniable vers le Parti démocrate dans son ensemble parmi les dirigeants d’entreprise au cours des deux dernières décennies, voir Reilly Steel, The Political Transformation of Corporate America, 2001-2022 », Columbia Law and Economics Working Paper, No. 4974868, 2 octobre 2024.
[7] Voir par exemple Jennifer Liberto, « Big business: Quit screwing around on debt ceiling », CNN Money, 12 mai 2011.
[8] Sur la nomination de Goldwater voir Rick Perlstein, Before the Storm : Barry Goldwater and the Unmaking of the American Consensus, New York: Hill & Wang, 2001, chap. 15. Sur le choix des entreprises en 1964, voir David T. Bazelon, « Big Business & the Democrats », Commentary 39, no. 5, mai 1965.
[9] Voir Paul Heideman, « Behind the Republican Party Crack-Up », Catalyst 5, no. 2, printemps 2021, et Paul Heideman, Rogue Elephant : The Republicans From the Party of Business to the Party of Chaos (à paraître, Verso, 2025).
[10] Le « Second Party System » désigne le cadre politique américain des années 1820 aux années 1850, caractérisé principalement par la rivalité entre le Parti démocrate et le Parti whig. Cette période a marqué une évolution importante dans la vie politique américaine, avec une participation électorale accrue et une délimitation plus claire des idéologies politiques, influencées par les changements sociaux et économiques de l’époque [NdT].
[11] Voir Daniel Schlozman, Sam Rosenfeld, The Hollow Parties : The Many Pasts and Disordered Present of American Party Politics, Princeton, Princeton University Press, 2024, chapitre 4.
[12] V. O. Key Jr, American State Politics : An Introduction, New York, Alfred A. Knopf, 1956, p. 119.
[13] Thomas Ferguson, « Big Money, Mass Media, and the Polarization of Congress », in William Crotty, ed., Polarized Politics : The Impact of Divisiveness in the US Political System, Boulder, CO: Lynne Rienner Publishers, 2015, pp. 95–128.
[14] Sur la désorganisation historique des entreprises américaines, voir Colin Gordon, « Why No Corporatism in the United States ? Business Disorganization and Its Consequences », Business and Economic History, 27, no.1, automne 1998. Sur les organisations patronales dans les années 1970, voir, Patrick Akard, « Corporate Mobilization and Political Power : The Transformation of U.S. Economic Policy in the 1970s », American Sociological Review, 57, no. 5, 1992.
[15] Matthew N. Green and Jeffrey Crouch, Newt Gingrich: The Rise and Fall of a Party Entrepreneur, Lawrence, University Press of Kansas, 2022,, pp. 153–55; Peter Beinart, « The Nationalist Revolt », New Republic, décembre, 1, 1997.
[16] Donald Lambro, « Bailout Plan Divides Free-Market Backers », Washington Times, 28 septembre 2008.
[17] Alexander Hertel-Fernandez, Theda Skocpol, « When Political Mega-Donors Join Forces : How the Koch Network and the Democracy Alliance Influence Organized U.S. Politics on the Right and Left », Studies in American Political Development, 32, no. 2, 2018 : 19; Alexander Hertel-Fernandez, Theda Skocpol, « Billionaires Against Big Business : Growing Tensions in the Republican Party Coalition », paper delivered at the 2016 Midwest Political Science Association Conference, 8 avril 2016, 14.
[18] Kenneth P. Vogel, « How the Koch network rivals the GOP », Politico, 30 décembre 2015.
[19] Patrick Rafail, John D. McCarthy, The Rise, Fall, and Influence of the Tea Party Insurgency, Cambridge : Cambridge University Press, 2023, pp. 153–56.
[20] Jane Mayer, Dark Money: The Hidden History of the Billionaires Behind the Rise of the Radical Right, New York, Doubleday, 2016, chapitre 11.
[21] Nicholas Confessore, « Outside Groups Eclipsing G.O.P. as Hub of Campaigns Next Year », New York Times, 29 octobre 2011.
[22] Tim Alberta, American Carnage : On the Front Lines of the Republican Civil War and the Rise of President Trump, New York, HarperCollins, 2019, 346.
[23] Peter Baker, Susan Glasser, The Divider: Trump in the White House, 2017–2021, New York : Doubleday, 2022. Dans l’ensemble, cet ouvrage est sans égal dans sa description des activités quotidiennes à la Maison-Blanche sous Trump.
[24] Ian Kershaw, Hitler, 1889–1936: Hubris (New York: W. W. Norton & Co., 1998), 530.
[25] Voir James Shoch, Trading Blows : Party Competition and U.S. Trade Policy in a Globalizing Era, Chapel Hill: University of North Carolina Press, 2001, chap. 8 et 9.
[26] John Seungmin Kuk, Deborah Seligsohn, and Jiakun Jack Zhang, « From Tiananmen to Outsourcing : The Effect of Rising Import Competition on Congressional Voting Towards China », Journal of Contemporary China, 27, no. 109, 2018.
[27] Sur l’opposition du Tea Party au libre-échange, voir Russell Heimlich, « Tea Party Drives Anti-Trade Opinion Among Republicans », Pew Research Center, 23 novembre 2010 ; sur les positions de Cruz et de Ryan, voir Paul Ryan, Ted Cruz, « Putting Congress in Charge on Trade », Wall Street Journal, 21 avril 2015.
[28] Adam Behsudi, « Liberals, tea partiers mobilize against Obama’s trade push », Politico, 20 janvier 2015; Ryan Lovelace, « Cruz promotes ‘fair trade’ in new Wisconsin ad », Washington Examiner, 30 mars 2016.
[29] Stef W. Kight, « GOP senators break with Trump on trade », Axios, 4 août 2024.
[30] Gordon M. Friedrichs, « Polarized We Trade ? Intraparty Polarization and US Trade Policy », International Politics,59, no. 5, 2022.
[31] Paul N. Van de Water, « The Ryan Budget’s Radical Priorities », Center on Budget and Policy Priorities, 7 juillet 2010.
[32] Thomas Ferguson et al., « The Roots of Right-Wing Populism : Donald Trump in 2016 », International Journal of Political Economy, 49, no. 2, 2020.
[33] Haley BeMiller, « Q&A: Ohio Senate candidate J.D. Vance talks 2020 election, opioids and state of GOP »,Cincinnati Enquirer, 11 octobre 2022.
[34] Voir William Kristol and Robert Kagan, « Kosovo and the Republican Future », Weekly Standard 4, no. 28, avril 5/12, 1999.
[35] Ce sobriquet a été forgé par E. P. Thompson.
[36] Leonard August Schuette, « Why NATO survived Trump : the neglected role of Secretary-General Stoltenberg »,International Affairs, 97, no. 6, 2021.
[37] Alina Polyakova, Filippos Letsas, « On the record : The U.S. administration’s actions on Russia », Brookings Institution, 31 décembre 2019.
[38] Robert Costa, Karoun Demirjian, « GOP embraces a debunked Ukraine conspiracy to defend Trump from impeachment », Washington Post, 3 décembre 2019.
[39] Andrew Desiderio, « Ukraine aid splinters the GOP », Politico, 17 mai 2022.
[40] Eric Levitz, « One explanation for the 2024 election’s biggest mystery », Vox, 28 mai 2024.
[41] Paul D. Jorgensen, « Pharmaceuticals, Political Money, and Public Policy : A Theoretical and Empirical Agenda »,Journal of Law, Medicine & Ethics, 41, no. 3, 2013.
[42] Tim Dickinson, Andrew Perez, « How Big Pharma Is Fueling a Radical MAGA Agenda », Rolling Stone, 25 janvier 2024.
[43] Christina Jewett, Sheryl Gay Stolberg, « Kennedy’s Lawyer Has Asked the F.D.A. to Revoke Approval of the Polio Vaccine », New York Times, 13 décembre 2024.
[44] Marcus M. Witcher, Getting Right with Reagan: The Struggle for True Conservatism, 1980–2016(Lawrence: University Press of Kansas, 2019).
[45] Sur Trump comme totem, voir Dylan Riley, « Faultlines », New Left Review, 126, nov/déc 2020.
[46] Daniel Galvin, Presidential Party Building : Dwight D. Eisenhower to George W. Bush, Princeton, Princeton University Press, 2010.
[47] Rick Gates, Wicked Game : An Insider’s Story on How Trump Won, Mueller Failed, and America Lost, New York, Post Hill Press, 2020, chap. 5.
[48] Tom Wheeler, « The 2020 Republican Party platform : ‘L’État, c’est moi’ », Brookings Institution, 25 août 2020.
[49] Alexandra Marquez, « Trump operation asks Republicans who use him for fundraising to share the haul », NBC News, 17 avril 2024.
[50] Alberta, American Carnage, 458.
[51] Nicholas F. Jacobs, Desmond King, and Sidney M. Milkis, « Building a Conservative State : Partisan Polarization and the Redeployment of Administrative Power », Perspectives on Politics, 17, no. 2, 2019.
[52] Peter Baker, « The ‘Landslide’ That Wasn’t : Trump and Allies Pump Up His Narrow Victory », New York Times, 22 novembre 2024.
[53] Curt Devine et al., « ‘Incompetent dumpster fire’: Michigan GOP rocked by financial turmoil and infighting », CNN, 24 décembre 2023.
[54] Nolan Finley, « Q&A: How Pete Hoekstra rebuilt a broken state Republican Party », Detroit News, 9 novembre 2024.
[55] Monica Potts, « Swing state Republican parties are in chaos. That could matter in November », ABC News, 20 février 2024 ; Jon King, « Troubled state GOP operations extend far beyond Michigan », Michigan Advance, 13 janvier 2024.
[56] Shane Goldmacher, « Trump shatters GOP records with small donors », Politico, 19 septembre 2016.
[57] Tia Mitchell, « Marjorie Taylor Greene remains a top House fundraiser », Atlanta Journal-Constitution, 14 juillet 2023.
[58] David D. Kirkpatrick, « How Marjorie Taylor Greene Raises Money by Attacking Other Republicans », New Yorker, 27 avril 2024.
[59] Dan Merica, Aaron Kessler, Richard Lardner, « Trump’s small-dollar donor fundraising is beset by confusion and fatigue », Associated Press, 10 octobre 2024.
[60] Blake Ellis et al., « How elderly dementia patients are unwittingly fueling political campaigns », CNN, 22 octobre 2024. L’article détaille les abus commis par les deux partis, mais souligne que la FEC a reçu sept fois plus de plaintes concernant les collectes de fonds des républicains.
[61] Susan B. Glasser, « How Republican Billionaires Learned to Love Trump Again », New Yorker, 18 octobre 2024.
[62] Jacob Silverman, « It’s Official : Silicon Valley Is Fully MAGA-Pilled », Nation, 18 juillet 2024; Amanda L. Gordon, Sridhar Natarajan, « Wall Street Billionaires Are Rushing to Back Trump, Verdict Be Damned », Bloomberg, 30 mai 2024. Sur la tendance de l’industrie technologique à se tourner vers les démocrates sur le long-terme, voir David E. Broockman, Gregory Ferenstein, and Neil Malhotra, « Predispositions and the Political Behavior of American Economic Elites : Evidence from Technology Entrepreneurs », American Journal of Political Science, 63, no. 1, 2019.
[63] Sur le désalignement des classes dans le vote, voir Jared Abbott, « Understanding Class Dealignment », Catalyst 7, no. 4, hiver 2024.
[64] Adam Bonica, Bluesky, 14 novembre 2024 – https://bsky.app/profile/adambonica.bsky.social/post/3lawxfiovlc2n.
[65] « Billionaire Clans Spend Nearly $2 BILLION on 2024 Elections », Americans for Tax Fairness, 29 octobre 2024.
[66] Chiffres provenant du Center for Responsive Politics – https://www.opensecrets.org/2024-presidential-race.
[67] Justin Rusk, Meredith K. McCoy, « FEC Allows Nonfederal Committee to Coordinate Paid Canvassing Efforts with Federal Candidates », Venable LLP, 27 mars 2024.
[68] Jake Lahut, « Workers Say They Were Tricked and Threatened as Part of Elon Musk’s Get-Out-the-Vote Effort », Wired, 30 octobre 2024; Nikki McCann Ramirez, « Elon Musk Is Offering Payouts to Registered Voters. Is It Legal ? », Rolling Stone, 22 octobre 2024.
[69] Shelby Talcott, Burgess Everett, « Donald Trump’s unconventional ground game is making Republicans nervous », Semafor, September 10, 2024.

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