Fabio Bartoli s’entretient avec Paolo Berizzi, auteur de Il libro segreto di CasaPound (Le livre secret de CasaPound) (Fuoriscena, 2025) , qui présente les coulisses de l’organisation néofasciste italienne.

La parution du livre de Paolo Berizzi n’est pas passée inaperçue, et pas seulement en raison du succès éditorial de l’ouvrage. Le mouvement néofasciste romain a en effet tenté d’en bloquer la publication ; une tentative qui a échoué, suivie d’une campagne de boycott sur les réseaux sociaux, ayant culminé avec une vidéo diffusée par Davide Di Stefano, frère de Simone Di Stefano, ancien secrétaire de l’organisation.
Dans cette interview, Berizzi, sous protection policière depuis plusieurs années en raison des menaces de l’extrême droite, revient sur son enquête qui dévoile les financements de CasaPound, ses liens avec la sphère politique et ses complicités au sein des institutions, retraçant le parcours d’un mouvement qui, après son ascension, est aujourd’hui en déclin.
Fabio Bartoli : Le livre s’appuie sur les révélations d’une taupe, une véritable source confidentielle. Le prologue évoque cette genèse. Comment en est-il venu à accorder sa confiance à un inconnu appartenant à un milieu politique où, pour dire les choses gentiment, il n’est certainement pas apprécié ?
Paolo Berizzi : Je l’explique justement dans le prologue du livre. Voilà ce qui s’est passé : en 2020, je me rends à Rome, accompagné de ma protection policière — j’étais déjà sous escorte depuis près de deux ans — pour couvrir une manifestation de CasaPound contre le pass sanitaire instauré par le gouvernement Conte pour contenir le Covid. Elle se tient sur la piazza Santi Apostoli et est restée dans les mémoires, comme la protestation des « masques tricolores ». En réalité, ce fut un semi‑flop : à tirer les ficelles des rassemblements les plus violents contre les mesures sanitaires, c’était davantage Forza Nuova que CasaPound.

À la fin de la manifestation, alors que je retourne vers ma voiture, une jeune femme apparemment inoffensive s’approche de moi : aucun symbole ni signe ne la rattache à l’univers néofasciste. Elle me dit : « Berizzi, ça peut vous sembler étrange, mais si vous voulez en savoir plus sur CasaPound, contactez-moi à ce numéro. » Elle me laisse un petit mot, me salue et s’éloigne. La scène m’intrigue et me laisse perplexe : je comprends qu’elle appartient au milieu, mais je ne sais pas quoi en penser. J’imagine que c’est une blague, une provocation.
Quelques mois passent. Un jour, j’écris un tweet et je reçois un message privé d’un utilisateur avec un nom d’emprunt : il dit être prêt à me raconter des choses inédites sur CasaPound et ajoute qu’il avait déjà essayé de me contacter par l’intermédiaire d’une fille, sa compagne, qui m’avait laissé un numéro de téléphone. Une lumière s’allume dans ma tête. Mais j’avais jeté le petit mot. Quelques jours plus tard, je décide de l’appeler, sans trop d’attentes.
Lors de notre première conversation téléphonique — une dizaine de minutes —, il me dit être un militant de premier plan de l’organisation, avec beaucoup de choses à révéler. Je reste prudent, je vérifie auprès de certaines sources romaines et je comprends rapidement que la source est authentique et fiable. Bien sûr, je considère également le risque qu’il veuille m’utiliser pour régler des comptes internes, mais ce qui prévaut, c’est la valeur de son récit : un témoignage direct de l’intérieur sur les mécanismes et les rouages secrets de l’organisation.
Et après ces premiers contacts, quels développements ont suivi ?
Il commence à me fournir des documents, des conversations, des messages, des photographies, des fichiers audio : des preuves qui confirment sa fiabilité. Je saisis que cette quantité de matériel ne peut pas être limitée à une simple enquête pour un journal, car c’est trop et sans précédent. Cela doit devenir un livre. Je le propose à un éditeur et, après diverses péripéties, ce travail d’investigation voit le jour.
Pour la première fois, un militant de CasaPound — l’organisation fasciste la plus importante des vingt dernières années — révèle de l’intérieur ses secrets : ses relais politiques, ses bailleurs de fonds, sa structure, ses liens avec la droite au pouvoir, son recours à la violence comme méthode, ses camps d’entraînement, ses chefs et ses sous-chefs.
C’est un livre né d’une rencontre fortuite, mais déterminante. Ma source n’est pas un repenti, ce n’est pas un ancien : il fait toujours partie de l’organisation. C’est un fasciste qui s’est senti trahi par ses propres camarades et qui a décidé de révéler qui ils sont vraiment.
Vous vous occupez depuis des années de l’extrême droite, en mettant également en lumière ses liens avec les institutions. Cette enquête vous a-t-elle appris quelque chose de nouveau ?
Oui, elle m’a permis de découvrir les relations — dans certains cas très étroites, même personnelles — qui lient CasaPound à des membres de Fratelli d’Italia et à certains représentants du gouvernement italien. Ce qui m’a le plus surpris, et sur quoi la lumière n’avait jamais été faite jusqu’à présent, est l’un des scoops du livre : les liens entre Giorgia Meloni et certains membres de premier plan de CasaPound.
Il s’agit en particulier de deux noms. Le premier est Alessandro Giombini, surnommé Manolo : l’un des cinq « arditi » qui, dans la nuit du 27 décembre 2003, ont brisé les vitres de la via Napoleone III et occupé le palais qui est depuis le siège de CasaPound. Il y a plusieurs années, Meloni a entretenu avec Giombini une relation personnelle et étroite.
Le second est Alessio Tarani, leader de CasaPound Padoue, toujours responsable provincial du mouvement. Avec lui aussi, Meloni a eu un lien durant sa jeunesse. De même qu’avec les frères De Angelis, Marcello et Renato : le premier, ancien terroriste de Terza Posizione et beau-frère de Luigi Ciavardini (condamné pour l’attentat de Bologne) ; le second, pendant des années, petit ami de l’actuelle Première ministre.
Ce qui m’a frappé, c’est que deux figures de premier plan de CasaPound aient eu des relations aussi étroites et personnelles avec celle qui est aujourd’hui présidente du Conseil. J’ai aussi été surpris de constater qu’Alessandro Giombini habite encore aujourd’hui dans le palais de la via Napoleone III — un bâtiment appartenant à l’État, à l’actuel ministère de l’Éducation et du Mérite — occupé par CasaPound depuis 2003. En somme, un homme qui a eu un lien personnel avec l’actuelle Première ministre vit dans un immeuble soustrait à l’État.
Que pouvons-nous en déduire précisément ?
Il faut le dire clairement : ces liens ne prouvent en aucun cas que Giorgia Meloni fasse partie de CasaPound ou en partage l’idéologie. Mais ils nous parlent d’un milieu, d’un contexte, d’un réseau de relations qui existent depuis des années à Rome. En effet, Giombini et Tarani n’ont jamais abandonné leur militantisme d’extrême droite pour chercher leur place dans d’autres partis : ils sont restés fidèles à leur milieu d’origine.
Détail curieux : lorsque notre collègue Daniele Piervincenzi a été agressé à Ostie en 2017 par Roberto Spada (membre de la famille mafieuse des Spada), Tarani a publié un message sur les réseaux sociaux pour défendre l’agresseur, avec le slogan « Dix, cent, mille Spada ». Nous ne parlons donc pas ici de personnalités particulièrement attachées aux règles démocratiques.
Il y a ensuite un autre élément intéressant : Meloni commence à faire de la politique en 1992 dans la section du Mouvement social italien à Garbatella, son quartier d’origine. C’est Simone Di Stefano qui l’accueille à la porte de cette section. Il deviendra plus tard l’un des chefs de CasaPound — pendant des années, figure de proue du mouvement, porte-parole, secrétaire national — avant de le quitter en raison d’un différend avec Gianluca Iannone et la direction. En somme, les relations de Meloni avec ce milieu remontent aux débuts de son activité politique : cela m’a surpris de le découvrir, et c’est l’une des révélations inédites du livre.
Dans le chapitre consacré aux relations entre CasaPound et la droite au pouvoir, je parle également d’Ignazio La Russa, d’Andrea Delmastro et d’autres représentants de Fratelli d’Italia qui, au fil des ans, ont participé à des festivals, des rassemblements et des manifestations organisés par CasaPound. Cela prouve que la droite au pouvoir et la droite néofasciste, dans la rue, ne sont pas si éloignées que Fratelli d’Italia le prétend. Officiellement, ils prennent leurs distances, mais, en réalité, il existe des points communs — idéologiques et parfois même physiques — qui les rapprochent beaucoup plus qu’ils ne veulent le faire croire.
À propos de l’immeuble occupé, « la tour », dont il est largement question dans la première partie du livre : comment est-il possible qu’un bâtiment appartenant à l’État soit occupé en toute impunité depuis plus de vingt ans ? Pendant tout ce temps, Giorgia Meloni n’a pas toujours été au gouvernement…
Je pense qu’il n’y a jamais eu de véritable volonté politique concrète d’expulser CasaPound et de remédier à cette anomalie typiquement italienne. Nous parlons d’un groupe ouvertement néofasciste, violent, sous enquête et faisant l’objet de plusieurs procédures pour agressions et violences squadristes. Un mouvement qui continue d’associer son nom à la violence et qui se place de fait en dehors de la Constitution républicaine.

CasaPound occupe depuis plus de vingt ans un immeuble en plein centre de Rome, causant également un préjudice financier considérable : en 2019, on estimait à environ 4,5 millions d’euros les pertes de recettes pour l’État, sans compter les factures d’électricité jamais payées.
Au cours de ces années, personne, à l’exception de Virginia Raggi lorsqu’elle était maire de Rome, n’a vraiment essayé de résoudre la question. Raggi — qui n’est pas sans raison dans le collimateur des militants de CasaPound — a été la seule à avoir tenté de s’attaquer à la situation, sans toutefois y parvenir. Ensuite, les gouvernements de toutes tendances n’ont jamais rien fait.

Aujourd’hui, du moins en paroles, le ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi semble vouloir s’attaquer également au « cas CasaPound ». Après l’évacuation du Leoncavallo, qui avait suscité de nombreuses polémiques, Piantedosi a déclaré que « le moment viendra aussi pour CasaPound ». Récemment, à la Leopolda de Renzi [convention annuelle d’Italia Viva, le parti de Renzi, NDT], il a réaffirmé que « le moment approche ». Nous verrons si et quand cela se produira réellement.
Votre informateur en parle-t-il également ?
La source de mon livre raconte que CasaPound, ces dernières années, a très certainement pu compter sur la complicité et les faveurs de certaines personnes au sein des institutions, y compris au sein de l’administration municipale de Rome et des sociétés qui fournissent l’électricité, l’eau et le gaz. Car, tout simplement, si vous voulez évacuer un immeuble, le moyen le plus simple est de couper les services : vous coupez l’électricité, vous fermez l’eau et l’évacuation se fait presque naturellement. Mais le fait que personne n’ait jamais coupé l’électricité ou l’eau laisse entendre, comme le dit la source, qu’il y a toujours eu un accord avec quelqu’un de complice, en connivence avec eux. Il y a donc aussi une explication technique au fait que cet immeuble n’a jamais été évacué.
Personnellement, je pense que l’absence d’intervention représente une grave responsabilité politique. Cela vaut pour les gouvernements de droite — qui sont de mèche avec ces milieux, donc autant dire qu’ils ne vont pas les évacuer — mais cela vaut surtout pour ceux de centre gauche, qui n’ont jamais levé le petit doigt pendant toutes ces années.
Le soutien économique dont CasaPound a bénéficié de diverses parts, comme vous le racontez dans le livre, va cependant bien au-delà de la fourniture d’électricité et d’eau…
Dans le livre, nous révélons pour la première fois qui, au fil des ans, a financé CasaPound. Et nous citons des noms : environ soixante-dix personnes, dont beaucoup occupent des postes de premier plan dans la société civile et, dans plusieurs cas, également dans l’appareil d’État. Il s’agit d’ambassadeurs, de généraux, de professeurs d’université, d’entrepreneurs, de managers, de journalistes, de politiciens.
Le nom le plus connu est celui de Mario Vattani, ancien consul « fascio-rock », actuel commissaire italien pour l’Expo Osaka 2025, sur le point de devenir ambassadeur italien au Japon. Mais il y a aussi un général de l’armée de l’air, ainsi qu’un réseau de professionnels et de personnalités qui, au fil des ans, ont participé à des événements, des dîners d’autofinancement et des initiatives publiques, contribuant également financièrement à la cause néofasciste.

C’est l’un des principaux scoops du livre, car il montre comment CasaPound est allé bien au-delà du militantisme de rue, s’insinuant dans les rouages de l’État. Et c’est là, à mon avis, l’aspect le plus inquiétant : le néofascisme, lorsqu’il est accepté, protégé et couvert par ceux qui détiennent le pouvoir, devient un réel danger pour la démocratie. Et il l’est d’autant plus lorsqu’il est soutenu par des personnes qui travaillent au sein des institutions, qui font partie de la même machine publique qui devrait défendre la République et ses valeurs.
Ces bailleurs de fonds, que l’on appelle « les Uniques » dans le jargon interne de CasaPound, sont répartis dans cinq villes (Rome, Milan, Florence, Vérone et Turin) et ont assuré au fil du temps un flux économique constant à l’organisation, lui permettant ainsi de survivre et de poursuivre ses activités. Ils ont en fait été un élément fondamental de l’activité politique et matérielle de CasaPound.
Vous avez déjà mentionné Simone Di Stefano, qui a représenté pendant des années l’aile « institutionnelle » de CasaPound, celle qui aspirait à entrer dans les institutions. Mais Di Stefano a quitté l’organisation et c’est l’approche militante de Gianluca Iannone qui a prévalu. Depuis lors, on peut dire que le déclin de l’organisation a commencé, qui actuellement n’est certainement pas à son apogée…
Oui, je confirme. À un certain moment, CasaPound, qui avait atteint un nombre de membres et un poids spécifique considérable — au point de conquérir le leadership de l’extrême droite italienne — décide de jouer un rôle politique autonome. Après l’alliance avec la Lega, lorsque Salvini devient secrétaire fédéral, une entente politique naît et dure quelques années : CasaPound et le Carroccio organisent des manifestations ensemble et partagent leur militantisme au sein de Sovranità, un groupe commun dont le symbole était un épi de blé mussolinien. C’était l’époque des campagnes contre l’immigration, des places enflammées et des slogans nationalistes. Mais cette relation s’interrompt pour des raisons de candidatures et d’équilibres électoraux. CasaPound demande des espaces et des reconnaissances qu’elle n’obtient pas, malgré le fait que nombre de ses militants aient travaillé pour soutenir des représentants de la Lega, en particulier Mario Borghezio, élu au Parlement européen grâce à leurs votes.
Après cette parenthèse, CasaPound choisit la voie autonome et se présente aux élections, avec des résultats modestes. Après l’échec des européennes de 2019, le mouvement décide de ne plus participer au jeu électoral.
Une scission interne apparaît alors : d’un côté, Simone Di Stefano, qui pousse pour transformer CasaPound en une véritable force politique ; de l’autre, Gianluca Iannone, qui veut le maintenir sur un plan « métapolitique », plus militant. La fracture devient irréversible : le premier quitte le mouvement, emmenant avec lui de nombreux militants. À partir de ce moment, CasaPound tente de s’infiltrer dans d’autres partis — Fratelli d’Italia, encore la Lega — en essayant de placer ses propres hommes ici et là. Dans le livre, je raconte également une sorte de « tentative d’OPA » de Giorgia Meloni sur CasaPound, et en particulier sur Di Stefano : l’actuelle présidente du Conseil lui propose de rejoindre Fratelli d’Italia, mais il refuse, affirmant qu’il n’y entrerait qu’avec les autres. De là naissent des contacts et des négociations qui ne se concrétisent jamais.
Après cette étape, un lent déclin commence.
Par rapport aux années de forte expansion, CasaPound perd du terrain, ferme de nombreux sièges et voit également s’affaiblir les activités économiques liées au mouvement : la marque Pivert de Francesco Polacchi, les éditions Altaforte et d’autres initiatives commerciales. Aujourd’hui, il s’agit en fait d’un mouvement centré sur la figure de Iannone et de ses lieutenants, de plus en plus marginal, même dans le monde néofasciste, où sont plus actifs le Réseau des Patriotes, Lealtà e Azione (Loyauté et Action) et une Forza Nuova ressuscitée.
CasaPound est ainsi redevenu un mouvement de rue romain, avec peu de ramifications ailleurs. Les Uniques, c’est-à-dire les bailleurs de fonds importants, n’existent plus. Iannone a transformé certaines sections — comme celle de Milan — en groupes de motards, plus attachés aux rassemblements et aux sorties qu’au militantisme politique. Ce fut une parabole ascendante puis descendante, mais il n’en reste pas moins que, au cours des vingt dernières années, CasaPound a été l’organisation néofasciste la plus importante en termes de nombre, de capacité d’action et de présence médiatique.
J’ai estimé qu’il était de mon devoir de raconter et de démasquer CasaPound : ses soutiens politiques, ses financements, ses secrets internes, la vie dans le bâtiment occupé de la via Napoleone III. Je pense que c’est un acte nécessaire pour ceux qui font de l’information et se reconnaissent dans la Constitution républicaine, antifasciste et antiraciste. J’espère que CasaPound sera non seulement expulsée de son siège à Rome, mais aussi dissoute pour tentative de reconstitution du parti fasciste. Et j’ajoute que cela devrait également s’appliquer à Forza Nuova et à tous les groupes néofascistes encore actifs en Italie.
* Article paru le 12 novembre 2025 dans MicroMega.Traduit de l’italien par nos soins
Fabio Bartoli est rédacteur pour MicroMega. Auteur de plusieurs ouvrages sur la culture pop, la bande dessinée et l’animation, parmi lesquels : Anime e sport. Grandi atleti nella realtà e nell’animazione giapponese (2021), Vado, Tokyo e Torno. Diario di viaggio nel cuore del Giappone (e anche un po’ più in là) (2011), Mangascienza. Messaggi filosofici ed ecologici nell’animazione fantascientifica per ragazzi (2011), tous publiés par Tunué.
Paolo Berizzi est journaliste et écrivain italien, correspondant du quotidien La Repubblica. Il a publié de nombreuses enquêtes sur la fachosphère notamment, parmi ses derniers livres : azItalia, Milano, BaldiniCastoldi, 2018.L’educazione di un fascista, Milano, 2020 ; È gradita la camicia nera. Verona, la città laboratorio dell’estrema destra tra l’Italia e l’Europa, Milano, 2021.






