L’histoire du climat permet de mieux comprendre la lutte des classes et la crise actuelle

par | Oct 28, 2025 | Écologie, Histoire, Lutte des classes, Théorie

Nous sommes à la croisée des chemins. La planète brûle, il y a des tempêtes et des inondations, non pas parce que les êtres humains se comportent mal, mais à cause d’un système qui cherche insatiablement à transformer la vie à la fois en une ressource à exploiter et en un objet de consommation. La crise climatique n’est pas anthropique, elle est capitalistique : elle naît de la volonté implacable du capitalisme de dégrader les personnes, les animaux, les plantes et la planète pour le profit.

Peu de gens nient la réalité du changement climatique. Seuls 9 % des Espagnols et 14 % des Américains, généralement âgés de plus de 65 ans, rejettent les facteurs sociaux qui favorisent le changement climatique. Cependant, pour la grande majorité, le réchauffement climatique est réel, dangereux et s’aggrave de jour en jour. Cette disparition du déni climatique pourrait être considérée comme une avancée significative, fruit de l’effort de sensibilisation considérable conduit par les théoriciens et les militants écologistes. Cependant, le travail ne fait que commencer.

 

Nier la responsabilité du capitalisme

Dès que le déni climatique, désormais révolu, s’estompe, un nouveau déni apparaît, celui qui occulte l’influence du système capitaliste sur le climat. Nous pourrions l’appeler négationnisme capitalogénique. Aujourd’hui, il existe une conscience climatique notable dans toutes les couches de la société. Mais, pour l’essentiel, il s’agit d’une position qui ignore l’histoire capitaliste et les causes spécifiques de la crise climatique, qui ne sont pas, contrairement à la croyance populaire, la consommation excessive, les combustibles fossiles ou une empreinte écologique démesurée.

Cette conscience unilatérale n’est pas le fruit du hasard. Les idées dominantes sur le changement climatique sont soutenues financièrement par les institutions les plus puissantes du monde : gouvernements, universités, fondations multimillionnaires. Aucune d’entre elles ne veut entendre que le problème vient du capitalisme. Aucune ne veut entendre qu’une révolution sociale est la réponse. Ils veulent seulement entendre des universitaires bien élevés qui se limitent à faire de simples recommandations politiques impliquant peu d’engagement, permettant d’échapper à leurs responsabilités et ayant une portée limitée.

Le nouveau consensus hégémonique consiste à accepter le changement climatique anthropique tout en niant le pouvoir géomorphique du capitalisme. Ce n’est pas une simple erreur, c’est un choix politique. C’est une histoire aussi vieille que le capitalisme lui-même : créer des problèmes massifs pour en tirer profit, blâmer la nature humaine, puis proposer des solutions qui profitent à quelques-uns aux dépens de la majorité.

Soyons réalistes. Reconnaître que le changement climatique est causé par l’homme est tout à fait compatible avec la pérennité du pouvoir des entreprises. Le directeur général d’ExxonMobil 3, Darren Woods, par exemple, reconnaît ouvertement le changement climatique anthropique. Il parle de « recadrer le défi » (lors du sommet des PDG de l’APEC, en 2023). Et il n’est pas le seul. Les solutions climatiques proposées par l’élite mondiale et ses élites intellectuelles serviles au forum de Davos sont identiques. Elles consistent à concevoir des technologies et des plans de marché liés par un seul objectif : préserver le contrôle du pouvoir et favoriser l’augmentation de la richesse des multimillionnaires de la planète.

C’est le nouveau consensus climatique. Il s’agit d’un accord entre les entreprises et les États les plus puissants de l’Occident : le changement climatique est un problème, mais c’est à nous tous de payer pour le résoudre. De plus en plus, les capitalistes transnationaux occidentaux reconnaissent la réalité climatique, mais d’une manière extrêmement partiale. Ils tracent une ligne dangereuse entre le réchauffement climatique en tant que mauvais élément pour les affaires (ce qu’il est) et le réchauffement climatique en tant que source d’instabilité politique (ce qu’il est en train de devenir). Mais pour eux, la véritable menace viendrait d’une politique climatique populaire qui recherche de véritables solutions en redistribuant la richesse et le pouvoir des riches vers les pauvres.

 

Les êtres humains sont-ils en conflit avec la nature ?

Le nouveau consensus climatique remet en question l’écologisme occidental. Joan Martínez-Alier l’appelle « l’écologisme des riches ». Une perspective qui, pendant plus d’un demi-siècle, s’est concentrée sur les substances nocives – la pollution, qui inclut désormais les gaz à effet de serre – tout en ignorant les relations sociopolitiques toxiques du capitalisme. D’où le récent théâtre politique : des militant·es de Just Stop Oil jetant de la peinture dans des musées, interrompant des trains de banlieue ou peignant le monument préhistorique Stonehenge.

 

Mais l’ennemi n’est pas le pétrole, ni le charbon. Ce ne sont même pas les molécules de gaz à effet de serre : après tout, le dioxyde de carbone soutient l’habitabilité de la planète. Le problème réside dans la manière dont le capitalisme utilise ces substances comme une arme pour obtenir le maximum de profits possibles.

Le véritable ennemi climatique est le consortium impérialiste formé par les classes capitalistes occidentales. Les preuves sont indéniables : selon le dernier rapport de Carbon Majors (2024), 78 entreprises seulement ont produit 70 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre depuis le milieu du XIXe siècle. Le slogan du mouvement pour la justice climatique, « Changeons le système, pas le climat », est correct dans sa portée. Mais il ne va pas assez loin. Tout comme les architectes de la traite des esclaves, l’Allemagne fasciste ou le génocide perpétré par les États-Unis et Israël à Gaza, ces entreprises ont des noms, des adresses et des actifs. Les ploutocrates doivent rendre des comptes pour l’écocide créé par le capitalisme. Leur nouveau consensus climatique n’est qu’un autre écran de fumée (notez l’ironie) pour éluder la responsabilité de leurs actions impérialistes et écocides.

La science climatique identifie à juste titre l’excès de gaz à effet de serre comme un problème. Mais ces déclarations scientifiques ont une portée limitée lorsqu’il s’agit de proposer des solutions, car elles se contentent de décrire la réalité sans l’interpréter.

Les molécules en soi ne provoquent pas de climat défavorable. Le climat défavorable est produit par l’exacerbation moléculaire capitaliste. En d’autres termes, le climat défavorable est l’œuvre du capitalisme, d’un système pathologique qui détruit et exproprie systématiquement les conditions de bonne santé et d’abondance des êtres humains en particulier et du reste de la vie planétaire en général. L’Anthropocène, l’ère de l’homme, est l’exemple paradigmatique du problème idéologique que nous soulignons. Ancré dans la pensée occidentale proprement dite, qui a atteint son apogée au XVIIe siècle et dans l’élitisme du XIXe siècle de Malthus, le récit de l’Anthropocène limite l’interprétation du changement climatique aux prémisses idéologiques d’un conflit primordial supposé : l’être humain contre la nature, un conflit éternel qui détourne notre attention de la lutte des classes, de la composante systémique du changement climatique.

Ce prétendu conflit primordial entre l’être humain et la nature est loin d’être une description scientifique innocente de la relation entre les êtres humains biologiques et le reste du vivant. Les origines de cette perspective remontent à la Grèce antique, berceau de l’Occident. Cependant, sa version contemporaine, nous la devons aux colonisateurs modernes et à des penseurs tels que René Descartes et John Locke, qui ont renouvelé la pensée de l’homme contre la nature afin de justifier commodément le projet civilisateur en qualifiant les peuples colonisés de sauvages. Comme toujours, il y avait de l’argent en jeu, beaucoup d’argent.

 

 

Une politique émancipatrice ne peut se concentrer sur la réduction des gaz à effet de serre à tout prix. En faisant sauter un oléoduc, comme le suggère Andreas Malm, nous ne parviendrons pas à faire sauter une relation sociale, un système comme le capitalisme. Naomi Klein, dans This Changes Everything (2014), a mis le doigt sur le problème : la crise climatique est une crise de la démocratie. L’obsession des gaz à effet de serre est ce que le nouveau consensus climatique veut nous imposer.

Le monde approche du pic des émissions de CO2, et le pic de la consommation de combustibles fossiles sera atteint au début des années 2030, voire avant. La Chine pourrait avoir atteint son pic d’émissions en 2024, après avoir connu une légère baisse cette année [1]. Cependant, la rhétorique occidentale sur l’urgence climatique commence à ouvrir la voie à une décarbonisation autoritaire, reproduisant les pires excès de l’austérité néolibérale et ne faisant que peu ou rien pour aborder et pointer du doigt le véritable problème : le projet civilisationnel technocapitaliste occidental.

Le Pacte vert européen en est un bon exemple. Comme l’a récemment fait valoir Thomas Fazi, cette initiative lancée pour amener l’économie européenne vers la neutralité carbone d’ici 2050, est dans l’impasse. Malgré les 600 milliards d’euros alloués pour la période 2021-2027, les émissions ont augmenté à la fin de 2024. La réduction des gaz à effet de serre est davantage due à la stagnation économique qu’au succès de politiques qui ont mis à mal les petits agriculteurs, les petites entreprises et les ménages de la classe travailleuse, déclenchant des protestations populaires et alimentant le populisme de droite.

En donnant la priorité à l’agro-industrie industrielle plutôt qu’aux petites exploitations agricoles et en externalisant les émissions par la désindustrialisation, le Pacte vert a été une bonne affaire pour le capital et culturellement satisfaisant pour la classe moyenne supérieure, tout en semant les graines de la ruine socio-écologique. C’est le nouveau visage du déni climatique, enveloppé dans de pieuses déclarations de durabilité.

 

Génocide des Amérindiens et petit âge glaciaire

Si l’Anthropocène est une histoire qui sert les puissants, comment pouvons-nous alors donner un sens à notre époque ? Commençons par étudier l’histoire. Les êtres humains modernes existent depuis longtemps, au moins 300 000 ans, et les civilisations ont une longue histoire qui précède également le capitalisme, au moins 6 000 ans. Il ne fait aucun doute que ces dernières ont créé des problèmes environnementaux. Mais à aucun moment les chasseurs-cueilleurs, ni les civilisations précapitalistes, n’ont créé quoi que ce soit qui ressemble à la crise climatique actuelle.

L’essor du capitalisme en tant qu’écologie mondiale, en 1492, avec la conquête européenne de l’Amérique, a entraîné une rupture dramatique avec les systèmes précapitalistes. Il a fallu des siècles au féodalisme européen (entre le Xe et le XIVe siècle) pour déboiser de vastes étendues du continent. En revanche, il a fallu des décennies au capitalisme pour ravager les forêts du Brésil, de l’Irlande et de la Pologne, du XVIe au XVIIe siècles. Et il n’y avait rien d’exceptionnel à cela. Dans toute l’Europe et en Amérique, le capital et les empires ont remodelé les paysages pour nourrir l’appétit insatiable d’une nature à bon marché : main-d’œuvre, nourriture, énergie et matières premières.

Le point culminant de ce phénomène a été la conquête de l’Amérique, mise en œuvre aux prix d’un tourbillon marqué par l’esclavage, l’exploitation minière de l’argent et les plantations de canne à sucre, qui a remodelé l’écologie planétaire à une échelle jamais vue depuis la fracture de la Pangée [formation des continents, NdT] il y a 175 millions d’années.

 

 

 

Ses coûts ont été horribles et ont donné naissance à une « Pangée moderne d’extraction illimitée », construite sur le massacre de millions d’autochtones.

Ce fut plus qu’une tragédie. La destruction des peuples autochtones, causée par l’esclavage, a reconfiguré le capitalisme et le climat. Au cours du XVIe siècle, qui a suivi l’arrivée de Christophe Colomb, une extinction d’une ampleur phénoménale s’est produite. Environ 95 % de la population indigène, soit quelque 50 millions de personnes, ont péri violemment, anéanties ou victimes de maladies importées par les colonisateurs, ce qui a eu des effets notables sur le climat.

Les géographes Lewis et Maslin appellent cela l’Orbis Spike (le pic d’Orbis). Le génocide a entraîné la régénération des forêts et l’absorption du dioxyde de carbone par les sols non cultivés. La décarbonisation qui en a résulté, combinée aux changements naturels, a provoqué l’une des périodes les plus froides de l’hémisphère nord depuis 8 000 ans [2].

Le génocide des Amérindiens et la reforestation de l’Amérique tropicale aurait retiré 7 à 10 milliards de tonnes de CO2 de l’atmosphère, soit une réduction de 3 à 5 ppm vers 1610, accentuant un refroidissement de la planète déjà en cours pour d’autres raisons (faible activité solaire, activité volcanique accrue, changements dans les courants océaniques) (NdT).

Il s’agit de la première crise climatique du capitalisme, et ce qui s’est passé ensuite en dit long sur la politique climatique actuelle. Pendant la phase la plus difficile du petit âge glaciaire, les contradictions d’un ordre capitaliste puissant mais très fragile se sont accentuées. Les paysans se sont rebellés. Les économies ont stagné. Les empires sont entrés en guerre. Confronté à des conditions climatiques beaucoup plus difficiles que celles qui avaient démantelé le féodalisme, deux siècles auparavant, le capitalisme aurait pu s’effondrer.

 

Sauvé par le racisme, le sexisme et l’apartheid colonial

Alors, qu’est-ce qui l’a sauvé ? Au XVIIe siècle, les banquiers, les rois et les généraux européens ont trouvé une solution ingénieuse. Une nouvelle solution climatique leur a permis de sortir victorieux des griffes de la défaite civilisationnelle. Dans les colonies tropicales, une nouvelle phase de la traite des esclaves africains a sauvé le système des plantations de la crise du travail provoquée par les génocides. Au cœur de l’Europe, une réorganisation violente du travail féminin a réinventé le régime patriarcal nécessaire à la reproduction d’une main-d’œuvre bon marché. Au Pérou et en Nouvelle-Espagne, les administrateurs coloniaux ont imposé des systèmes coercitifs de travail salarié tels que la mita et la servitude pour dettes.

Partout, les catégories modernes de race et de genre, sculptées à partir de la matière première de la loi naturelle, ont imposé des sanctions légales sévères pour garantir la division et la démobilisation des travailleurs·euses . Ces transformations ont marqué les origines de la trinité capitalogénique : la division climatique des classes, le patriarcat climatique et l’apartheid climatique. Cette trinité a sauvé le capitalisme du XVIIe siècle en le poussant vers de nouvelles frontières d’une nature à bon marché, en fournissant un modèle de base pour la prolétarisation et en faisant peser les coûts de l’adaptation climatique sur les épaules et les estomacs des producteurs directs du monde entier.

Après cette période, chaque nouvelle ère capitaliste a réinventé sa stratégie. Tant que les empires capitalistes pouvaient résoudre leurs problèmes en conquérant de nouvelles frontières, leurs problèmes pouvaient être résolus et de nouveaux âges d’or pouvaient voir le jour.

 

Un capitalisme privé de nouvelles frontières

Aujourd’hui, ces frontières ont disparu. Il est vrai qu’il reste quelques bastions que le système peut s’approprier. Dans des endroits comme Sumatra ou l’Amazonie, nous pouvons voir se répéter la vieille dynamique : les monocultures de palmiers à huile et de soja dévorent les forêts, surexploitant la main-d’œuvre et empoisonnant les écosystèmes.

 

 

Mais les vastes frontières de la nature bon marché — des XVIIe, XIXe et même XXe siècles — sont épuisées. Il n’y a pas de nouvelles Amériques, Indes ou Afriques qui attendent le pillage capitaliste. L’espace extérieur existe, mais il n’est pas bon marché. L’Occident impérial ne peut plus résoudre sa crise de la nature bon marché pour relancer l’accumulation et, pendant ce temps, l’atmosphère, qui a longtemps été une décharge de gaz à effet de serre, est saturée. L’heure est venue de payer la note.

Et pourtant, la stratégie climatique du XVIIe siècle persiste. Le nouveau consensus climatique l’utilise pour garantir que la majorité mondiale supporte les coûts de l’atténuation et de l’adaptation. Cela transforme la crise climatique en une lutte des classes sous un autre nom, liant le destin des travailleurs·euses humains – rémunérés et non rémunérés – au travail des plantes, des animaux, des mers et des forêts. Une attaque contre l’un est une attaque contre tous, comme le dit le vieil slogan des Wobblies. Et avec Marx, nous insistons sur le fait que la solidarité signifie que « toutes les créatures doivent également être libres ».

 

Une politique climatique révolutionnaire et démocratique

Quelles sont donc les tâches d’une politique climatique révolutionnaire et démocratique ? Une réponse nécessaire, mais loin d’être suffisante, commence par la réécriture du récit hégémonique de l’histoire du climat et des classes sociales. Nous devons donner un sens à notre époque dans une perspective historique, ce qui signifie briser et démanteler les explications de la crise proposées par les élites. Le récit de l’Anthropocène nous dit que le problème réside dans le mauvais comportement des marchés, la technologie polluante et la cupidité des êtres humains. Il s’agit d’un vieil argument qui remonte à la défense du pouvoir et des privilèges, soutenue par Thomas Malthus, au début du XIXe siècle. Une politique socialiste qui ne peut contrer ces grands mensonges est vouée à l’échec.

L’Anthropocène vend un fantasme : le changement climatique serait le résultat naturel du progrès humain, pouvant être résolu par des solutions technologiques telles que la géo-ingénierie. Il constitue ainsi un exemple classique de ce que les philosophes marxistes appellent l’inconscient idéologique, c’est-à-dire le désir d’une éco-utopie capitaliste quasi totalitaire qui efface nécessairement le coupable : le capitalisme. Pendant ce temps, les océans deviennent des décharges toxiques, les forêts des monocultures, les animaux du bétail d’élevage et les travailleurs et travailleuses du « matériel humain jetable » (Marx).

Tout comme Malthus, l’argument de l’Anthropocène nous dit que les travailleurs et travailleuses moralement défectueux et ignorants sont à l’origine des problèmes du monde. Pour Malthus, le problème résidait dans une classe ouvrière qui se reproduisait trop et épargnait trop peu. Pour les anthropocénistes, les coupables sont les consommateurs égoïstes. Les deux arguments sont imprégnés de la même idée biologiste. Ils considèrent qu’il y a quelque chose de mauvais dans la nature humaine, en particulier chez les êtres humains qui ne possèdent pas de capital.

Si le capitalocène est le problème, la solution est un Prolétariocène : un écosocialisme révolutionnaire capable de faire face à la propagande de la bourgeoisie, à ses services de sécurité, à ses machines de guerre et à sa manipulation de la science pour élaborer des arguments autoritaires. Nous ne nous faisons aucune illusion sur le défi qui nous attend. Argumenter clairement n’est qu’un timide début ; cependant, sans construire un autre récit, nous ne pouvons pas former les coalitions de classe nécessaires pour faire face au nouveau consensus climatique et à ses solutions dystopiques. Cette clarté doit être gagnée sur le « terrain réel de l’histoire », comme nous le rappellent Marx et Engels. Ce n’est qu’alors que nous pourrons relever les défis — et saisir les opportunités — du long chemin révolutionnaire qui nous attend.

En plaçant la lutte des classes au centre du tissu de la vie, cet écosocialisme doit viser à ériger une démocratie radicale et égalitaire, dans laquelle la vie sous toutes ses formes est protégée et défendue, au-delà de sa valeur commerciale capitaliste, dans sa valeur vitale écologiste.

 

* Cet article est paru le 22 octobre, en espagnol, dans la revue en ligne Viento Sur. Traduction et intertitres de Marx21.ch

Jason W. Moore est professeur à l’université de Binghamton, États-Unis. Yoan Molinero est chercheur à l’Institut universitaire d’études sur les migrations (IUEM) de l’université pontificale Comillas et directeur de la revue Migraciones. Álvaro San Román est chercheur dans le programme de doctorat en philosophie de l’UNED.

Notes

[1] Nearing peak global CO2 emissions: Climate Analytics, « When will global greenhouse gas emissions peak? », 2023 ; Rachel Dobbs, « Have global emissions peaked? », The Economist (18/11/2024). Pic de consommation des énergies fossiles : Jillian Ambrose, « BP prévoit que la demande mondiale de pétrole atteindra son pic en 2025, mettant fin à la hausse des émissions », The Guardian (10 juillet 2024) ; Goldman Sachs, « Le pic de la demande de pétrole n’est pas prévu avant une dizaine d’années », 17 juillet 2024. Émissions de la Chine : « Les émissions de carbone de la Chine ont peut-être atteint leur pic », The Economist (29/05/2025).
[2] Wanner, Heinz, Christian Pfister et Raphael Neukom. « The Variable European Little Ice Age » Quaternary Science Reviews 287 (2022) : 107531.

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