L’utilisation grandissante de l’expression « capitalisme racial » dans le monde universitaire anglophone s’est accompagnée de l’apparition de nombreuses critiques. Celles-ci soutiennent que le concept de « capitalisme racial » est trompeur, obscur, peu clair, opaque ou tout simplement erroné́. Cet article défend une vision contingeante et contextuelle du capitalisme racial.
Théorie
L’exploitation capitaliste et la domination patriarcale sont-ils deux sytèmes distincts?
J’utiliserai le terme « féminisme socialiste » pour désigner toutes les versions plus radicales du féminisme, dont certaines sont marxistes et d’autres non. Selon ma définition, toutes les féministes socialistes considèrent la classe sociale comme un élément central de la vie des femmes, mais aucune ne réduirait l’oppression sexuelle ou raciale à l’exploitation économique.
La fonction idéologique du concept de polycrise
À première vue, le concept de « polycrise » explique tout. Décrivant « la situation où des crises disparates interagissent de telle sorte que l’impact global dépasse de loin la somme de chacune d’elles ». Il articule le schéma des crises qui se multiplient et se renforcent mutuellement, observables dans tous les domaines. Cependant, cette puissance communicative occulte une série de présupposés théoriques spécifiques qui ont des implications politiques importantes. Cet article utilise la méthode de lecture symptomatique pour identifier ces présupposés, posant ainsi les bases d’une critique du concept.
Pourquoi cette panique autour de l’antisémitisme ?
Nous savons que, dans tant de mots – « terreur », « paix », « haine », « sécurité » – la redéfinition et la redescription sont des outils clés de l’arsenal colonial. Non seulement « antisémitisme », mais aussi « juifs » sont des mots qui font actuellement l’objet de ce processus. Et si la Palestine est un lieu de cristallisation d’une politique émancipatrice mondiale pour des millions de personnes dans les mouvements de solidarité à travers le monde, je voudrais proposer quelques suggestions préliminaires sur les raisons pour lesquelles l’idée d’« Israël » est un lieu de cristallisation similaire pour la politique de l’empire.
L’histoire du climat permet de mieux comprendre la lutte des classes et la crise actuelle
Nous sommes à la croisée des chemins. La planète brûle, il y a des tempêtes et des inondations, non pas parce que les êtres humains se comportent mal, mais à cause d’un système qui cherche insatiablement à transformer la vie à la fois en une ressource à exploiter et en un objet de consommation. La crise climatique n’est pas anthropique, elle est capitalistique : elle naît de la volonté implacable du capitalisme de dégrader les personnes, les animaux, les plantes et la planète pour le profit.
Un spectre inquiétant hante le monde: peut-on le nommer sans le comprendre?
Le spectre du fascisme semble à nouveau hanter le monde : de l’Amérique latine à l’Inde, des USA à la Russie, en passant par l’Europe. L’influence et l’emprise des partis d’extrême droite ne cessent de croître et l’élection de Donald Trump donne un nouveau souffle à leur grammaire politique, tout en renforçant leur présence là où ils ne sont pas encore aux affaires ; en France, en Allemagne et au Portugal, elles sont aux portes du pouvoir.
Passée la sidération, il reste l’impératif d’intervenir, d’alerter, de mobiliser les forces sociales nécessaires à contrer leur agenda politique ; mais comment ? Comprendre les raisons de cet apparent « retour du fascisme » ne va en effet pas de soi. D’ailleurs, s’agit-il bien de cela ?
Les femmes, les classes et l’intersectionnalité : réflexions sur le féminisme et son avenir
Dans cet article, publié par Monthly Review, en septembre 2019, et que nous traduisons pour la première fois en français, la sociologue états-unienne, d’origine argentine, Martha E. Gimenez, revient sur ce qui distingue l’approche du féminisme marxiste des approches identitaires ou intersectionnelles.
Le fascisme des années 1930 est-il de retour ?
Dans ce texte tiré de son livre de 2024, Trumpismos (Barcelone, Verso), que nous avons traduit de l’espagnol, Miguel Urbán Crespo s’efforce de montrer les différences entre le fascisme des années trente et l’extrême droite actuelle. Il s’appuie pour cela sur les analyses marxistes du fascisme historique et sur des travaux d’historiens.
Penser Gaza : entretien de Luca Salza avec Étienne Balibar
« Penser Gaza, penser à Gaza ? Malgré les images et récits qui filtrent, nous n’y sommes pas, dans Gaza, sous les bombes et devant les chars, en train de voir nos maisons rasées, nos enfants mourants de faim, nos blessés achevés jusque dans les hôpitaux. Nous ne pouvons qu’y penser nuit et jour, en ressassant notre horreur. » Cet entretien a été réalisé par Luca Salza pour la revue K – revue transeuropéenne de philosophie et arts – https://www.peren-revues.fr/revue-k/, dans laquelle il doit paraître, entre le 8 et le 13 septembre 2025. Il est reproduit sur le blog Mediapart d’Étienne Balibar, duquel nous l’avons tiré, avec l’aimable autorisation de la revue.
Lucien Goldmann dans le paysage marxiste : création culturelle et conscience du possible
Dans son ouvrage, La création culturelle dans la société moderne, qui n’est pas à proprement parler un livre, mais un recueil de textes épars, il étudie, entre autres, une notion clé pour son projet philosophique et politique. Je veux parler de la notion de conscience possible, qui traduit à son tour – avec une certaine liberté – le concept de Zugerechte Bewusstein apporté par Marx et Engels dans La Sainte Famille et qui réapparaît dans l’ouvrage fondateur de la pensée de Goldmann, Histoire et conscience de classe de Lukács. Cette notion de conscience possible est liée à celle de sujet collectif, c’est-à-dire à cet espace à partir duquel il est possible de concevoir les modes de perception d’une époque, les institutions, etc.













