Théorie

ChatGPT, une intelligence sans pensée Entretien avec Hubert Krivine

ChatGPT, une intelligence sans pensée Entretien avec Hubert Krivine

Pour le site Marx21.ch, le 8 avril dernier, Jean Batou s’est entretenu avec Hubert Krivine sur son dernier livre ChatGPT, une intelligence sans pensée, Paris, éd. Cassini, 2024. En guise d’introduction, nous reproduisons le premier paragraphe de sa quatrième de couverture : « L’intelligence artificielle moderne opère essentiellement par induction, c’est-à-dire anticipe le nouveau à partir d’extrapolations de l’ancien. Mais cet ‘ancien’, issu des big data, même fort de milliards de données s’enrichissant en permanence, est loin d’épuiser le monde réel, infiniment plus vaste ». L’image titre représente le Golem, un être humanoïde de la mythologie juive d’Europe centrale, fait d’argile, doté provisoirement de vie, mais privé de libre-arbitre, destiné à obéir à son créateur…

Six hypothèses sur la nature du capitalisme contemporain

Six hypothèses sur la nature du capitalisme contemporain

Le constat de la multipolarité capitaliste hiérarchisée que je propose s’oppose à l’approche campiste de l’impérialisme. John Bellamy Foster, l’éditeur de Monthly Review, critique le déni de la réalité de l’impérialisme par une large partie de la gauche (Arrighi, Harvey, Robinson, etc.). Or, il adopte lui-même une conception limitée de l’impérialisme contemporain, qu’il réduit à la surexploitation du « Sud global » par le « Nord global » [126]. Son analyse pêche sur deux points principaux. D’abord, la présence de classes antagonistes dans le « Sud global » n’est jamais mentionnée, pas plus que n’est défini le mode de production sur lequel reposent ces pays – sauf pour la Chine, qui est qualifiée de « socialisme avec des caractéristiques chinoises ». La lutte de classes est mentionnée dans son article, mais elle existe exclusivement dans les pays capitalistes du centre. Ensuite, Foster réduit d’abord l’impérialisme à l’impérialisme économique et, ensuite il réduit l’impérialisme économique à l’échange inégal

Travail reproductif et exploitation : de Marx aux théories féministes de la reproduction 

Travail reproductif et exploitation : de Marx aux théories féministes de la reproduction 

Si les théories féministes méritent d’être considérées comme l’un des principaux lieux de renouvellement de la réflexion sur l’exploitation, c’est notamment en raison du développement de ce qu’il est aujourd’hui convenu d’appeler les théories féministes de la reproduction sociale. Dans leur phase initiale, au cours des années 1970, leur objectif était de procéder à une extension de la théorie marxienne de l’exploitation telle qu’elle est formulée dans Le Capital. L’argument principal était que les mécanismes à l’œuvre dans l’exploitation du travail de reproduction de la force de travail sont analogues à ceux de l’exploitation salariale, et tout aussi essentiels à l’accumulation du capital. Dans des phases ultérieures du développement de ces théories, la reproduction a souvent été entendue en un sens plus large que la seule reproduction de la force de travail, et l’appropriation capitaliste des activités de reproduction a parfois cessé d’être identifiée à l’exploitation d’un travail. Le thème de l’exploitation du travail de reproduction fait donc apparaître des divergences entre les différentes étapes du développement des théories féministes de la reproduction sociale, tout autant, on le verra, qu’entre les diverses versions contemporaines de ces théories.

Consubstantialité vs. Intersectionnalité. Dépasser les catégories pour penser les rapports sociaux

Consubstantialité vs. Intersectionnalité. Dépasser les catégories pour penser les rapports sociaux

L’articulation des systèmes de domination est souvent réduite à l’intersectionnalité, notion sociologique qui désigne la manière dont les différentes formes d’oppression (racisme, sexisme, classisme, homophobie, validisme, transphobie…) s’articulent et se renforcent mutuellement. Puissant outil conceptuel, l’intersectionnalité a permis d’enrichir la pensée critique et les mouvements sociaux émancipateurs, en mettant en lumière la pluralité des discriminations et la complexité du monde social.